Après une attente jugée insoutenable par les fans, le jeu mobile Pokémon GO est enfin disponible en France. Petit billet d’humeur sur le phénomène.
Si vous n’avez pas entendu parler de Pokémon GO ces derniers jours, bravo, vous vivez officiellement dans une grotte coupée du monde ! Le premier vrai jeu mobile de Nintendo est développé par les américains de Niantic (société qui appartenait jadis à Google) et aussi responsables du jeu en réalité augmentée Ingress sur Android en 2012 (qui était l’un, si ce n’est le, pionnier du genre). Les similitudes entre les deux sont évidentes et Ingress a sûrement servi de fondation pour l’application de Pikachu et ses amis.
Une sortie mouvementée
Après être sorti en premier aux USA le 06 juillet et il y a tout juste 2 jours au Japon, le jeu arrive enfin en France aujourd’hui alors qu’il était prévu le 15 juillet dernier. Pourquoi une sortie autant étalée ? Officiellement, pour la France en tout cas, les événements de Nice ont poussé Nintendo à retarder la mise à disposition du jeu chez nous. Officieusement, de façon globale, on soupçonne que Big N ne voulait pas surcharger davantage ses serveurs, déjà mis à rude épreuve par les joueurs actuels avec cette arrivée de l’archipel et de l’hexagone, deux pays dans lesquels la franchise est très très populaire.
Des serveurs à l’aGOnie
Car oui, Pokémon GO est un jeu full online qui utilise votre GPS et votre connexion data au maximum. Sans parler de votre pauvre batterie. Il est impératif de se logger sur le serveur pour pouvoir faire une partie. Trop de monde ? Votre application restera bloquée sur la page de connexion jusqu’à vous éjecter gentiment. Un peu frustrant pour celui qui comptait attraper du Pokémon pendant sa pause déjeuner. Gageons qu’après la sortie globale, les serveurs seront dimensionnés pour l’affluence à venir. Parce qu’avec le Japon maintenant en ligne, cette popularité va sûrement encore grimper !
Notons aussi que le jeu a été le plus téléchargé sa première semaine de disponibilité parmi toutes les applications dans l’histoire des stores mobiles : 10 millions de fois ! Et on estime aujourd’hui à plus de 20 millions de joueurs la communauté outre-Atlantique ! Une manne financière non négligeable pour Nintendo et Niantic : comme tout jeu mobile moderne, Pokémon GO propose des achats in-app afin de vous aider à progresser. Bien qu’il ne soit pas obligatoire de dégainer sa carte bleue, l’affaire se révèle très lucrative pour les concepteurs. Ce n’est pas un hasard si la valorisation boursière de Nintendo est montée en flèche en l’espace de quelques jours.
Mentionnons aussi le Pokémon Go Plus, un petit accessoire qui fonctionne en Bluetooth low energy et vous indique la présence en vibrant d’un Pokémon ou d’un PokéStop lorsque vous êtes à proximité. Il possède aussi un bouton permettant de capturer une bestiole sans utiliser votre smartphone. Il faudra toutefois le connecter à ce dernier pour transférer les données et ainsi savoir quelle créature vous avez attrapée. Par contre, bonne chance pour en trouver car il est actuellement impossible d’en acheter un via les magasins traditionnels. Les sites d’enchère seront vos amis mais gare à l’inflation ! Un peu de patience vous permettra des économies…
Des joueurs zombies ?
Un autre phénomène s’est créé avec l’avènement de Pokémon GO : une multiplication d’incidents (voir d’accidents dans certains pays) liés à un jeu très (trop ?) immersif. Il semblerait que certains joueurs, obnubilés par leur partie, s’exposent à des dangers qui peuvent être mortels ou se retrouvent dans des situations délicates : du cadavre retrouvé aux USA aux Pokémon apparaissant dans des lieux de culte ou musées sensibles (celui de l’Holocauste à Washington ou d’Auschwitz-Birkenau en Pologne). On mentionnera aussi 2 hommes tombés d’une falaise en Californie ou encore des joueurs qui utilisent l’appli au volant en roulant au-delà de la vitesse autorisée sans se soucier des autres automobilistes.
Un peu de bon sens paysan (comme dirait l’un de mes professeurs) devrait (?) permettre d’éviter ce genre de faits divers. Surtout que le jeu vidéo n’a pas besoin d’un nouveau plaidoyer en sa défaveur.
Alors, Pokémon GO ou no GO ?
Foncièrement, le jeu est fidèle à ses aînés : on parcours des kilomètres et des kilomètres (bien réels cette fois !) pour les attraper tous. La dimension de réalité augmentée apporte un plus indéniable et il est toujours marrant de voir un Pokémon gigoter dans un décor réel. Au-delà de ça, si les bestioles de Nintendo ne vous intéressaient pas avant et passé l’effet de la nouveauté, il y a peu de chances que vous ayez les yeux rivés à votre smartphone pendant des heures. J’en suis la preuve vivante : je n’ai jamais joué à Pokémon (si l’on excepte une courte session sur le tout premier sur GameBoy à l’époque), j’ai tout de même installé l’appli par curiosité. Très sincèrement, entre le boulot, la vie sociale et Zero Yen, j’y ai joué en tout et pour tout, allez, 15 minutes ? Pas que je le trouve nul, le concept est très sympa au contraire mais comme les autres épisodes de la saga, c’est une activité qui devient vite très très chronophage.
Les aficionados seront eux comblés je pense et ne sont pas prêts de poser leur smartphone ! Quant au grand public, je suis dubitatif. Nous semblons être dans une situation un peu semblable à la sortie de la Wii en 2006 : reportages aux infos, articles sur tous les sites généralistes, multiplication des news sur les sites spécialisés (qui a dit putaclic ?!): tout ce brouhaha médiatique va bien entendu inciter un grand nombre de personnes à télécharger le jeu. Mais passé l’effet de surprise, l’appli restera-t-elle sur leur téléphone et, surtout, sera-t-elle toujours utilisée dans plusieurs mois ou années ?
Finissons toutefois sur une note positive : avec tous les tristes événements qui se passent actuellement sur la planète, la folie Pokémon GO est une bouffée d’air frais sur le plan des média ! En effet, il est plus agréable de voir des joueurs se rassembler pour y jouer ou échanger leurs infos via les réseaux sociaux que de lire un énième tweet sur un fait divers tragique. Donc si le cœur vous en dit, attrapez-les tous !
Retrouvez toutes les infos sur Pokémon GO sur son site officiel