Cette semaine dans les critiques express, je vous propose de découvrir Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-eda, présenté en sélection officielle et prix du jury au festival de Cannes 2013.
Like Father, Like Son
(そして父になる, Soshite Chichi ni Naru)
Ryota, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l’hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Avis (attention : contient des spoilers !)
Dernier long-métrage en date du réalisateur de I Wish, nos vœux secrets (奇跡, Kiseki), sorti sur nos écrans en 2012, Tel père, tel fils est un drame qui nous entraine dans la vie bouleversée et bouleversante de deux familles dont les fils ont été échangés à la naissance.
Pendant 2 heures, nous suivons l’épreuve que doit traverser ces deux familles totalement étrangères l’une pour l’autre. Lorsqu’il apprend la nouvelle, Ryota, architecte auquel tout réussi ou presque, est persuadé que les liens du sang sont plus forts que les liens du cœur. Une idée que son père partage mais que sa femme Midori refuse catégoriquement.
Après plusieurs rencontres et sur les conseils de leurs avocats respectifs, Ryota et Midori ainsi que Yudai et Yukari (le couple ayant élevé leur enfant biologique) décident d’établir une sorte de garde alternée des enfants afin de les accoutumer à leur (peut-être) future vie. Tout cela, bien entendu, sans leur demander leur avis… Mais c’est sans compter sur les projets de Ryota qui deviennent bien plus intéressés (voire sombres) au fil du film…
Sous couvert d’une histoire un peu « bateau », le réalisateur en profite pour dresser un portrait de la société japonaise actuelle en mettant en contraste 2 familles bien différentes. La première (représentée par Ryota et Midori) constitue une image très classique et macho (encore très présente au Japon de nos jours), un couple dans lequel la femme n’a le droit que de suivre les ordres de son mari, sans pouvoir tenir compte de ses sentiments. La deuxième (incarnée par Yudai et Yukari) semble plus moderne, à l’esprit plus occidental et plus près de la réalité avec un couple qui vit sur un pied d’égalité et prend les décisions importantes d’un commun accord.
Jouissant d’une mise en scène travaillée et d’un jeu d’acteurs convainquant, ce long-métrage, dont l’intensité va crescendo, arrive à nous émouvoir tout en finesse. Le destin de ces deux enfants (et familles) est intelligemment porté à l’écran et alterne moments de joie, de doutes et de tristesse pour en arriver à une conclusion dont je vous laisse seuls juges.
Après I Wish, fable attendrissante sur la naïveté de l’enfance, Hirokazu Kore-eda signe ici un très bon film qui met à nouveau les enfants au premier plan. Si vous êtes amateurs de cinéma japonais, je vous conseille d’aller le voir sans plus tarder (en version originale, pour que vous puissiez l’apprécier à sa juste valeur).
Note : 4 / 5
Bande-annonce VOST