Le deuxième et dernier tome de Burlesque Girrrl, la BD de François Amoretti, l’enfant du pays vivant à Aix en Provence, est disponible en librairie.
GRRRL comme le nom d’un groupe de rockabilly improbable. GRRRL comme une référence directe au Riot Grrrl, mouvement musical aux idées féministes, à la croisée du punk-rock et du rock alternatif. GIRRRL enfin comme Violette, une jeune pin-up, la vingtaine, pulpeuse et tatouée, incarnation rock et burlesque des effeuilleuses Dita Von Teese aux États-Unis et Lady Flo en France. Contrebassiste dans un groupe, modèle pour sous-vêtements, elle alterne shootings et concerts et compose ses morceaux à l’occasion. Une fille pas comme les autres et délicieusement GRRRL .
François Amoretti est né et vit en Provence. Il a grandi sous l’influence des estampes de Hokusaï et des gravures de John Tenniel. Il étudie les arts appliqués à l’École supérieure d’arts graphiques Penninghen à Paris et rejoint le Japon. Il y fait ses premières armes en tant qu’illustrateur pour différents magazines. De retour en France, il rejoint le studio Gottferdom et découvre en Audrey Alwett une complice fidèle. Après trois albums publiés ensemble aux éditions Soleil, François s’émancipe et écrit et illustre ses premiers scénarios. Il y mélange son amour des pin-ups et du rockabilly tout en gardant la finesse et l’élégance fantasmagorique qui caractérisent ses travaux. Les éditions Ankama éditent son premier ouvrage solo, Burlesque Girrrl, au printemps 2012.
Interview
Nous connaissons ton travail d’illustrateur sur des ouvrages comme Gothic-Lolita, Alice au Pays des Merveilles ou encore Le Petit Chaperon rouge & Ce qu’il advint dans le ventre du loup. Tu livres avec Burlesque Girrrl ton premier album de bande dessinée. Pourquoi cette volonté de changer de medium ?
Je m’étais déjà adonné à la BD, mais il s’agissait d’histoires courtes parues dans Lanfeust mag, en compagnie d’Audrey Alwett (Mary Miracle en 2007) ou seul (Le Coeur de Fraise en 2010). J’avais donc fait quelques essais en BD mais je n’étais pas au point à l’époque, ma narration n’était pas assez efficace et ces projets n’ont jamais vu le jour. Je suis un garçon timide, pas très sûr de moi-même, et me suis toujours dit que je ne pouvais pas me débrouiller tout seul, que j’avais besoin de quelqu’un pour me guider. Jusqu’au jour où j’ai grandi (tardivement, certes) et j’ai décidé de m’émanciper. J’ai grandi avec les BD de mes frères et soeurs, avec Pilote et Métal Hurlant; c’est un médium qui fait partie de ma vie depuis si longtemps, je devais m’y frotter pour de bon et commencer à avoir confiance en moi. J’adore les livres illustrés mais ils sont plus difficiles à aborder qu’une bande dessinée. Cette dernière est le moyen le plus aisé de toucher un public plus large. Et puis j’avais envie de m’y essayer aussi, c’est un exercice très différent : c’est faire un film sur papier finalement. Burlesque Girrrl parle de rock’n’roll et de pin-up; la bande dessinée m’est apparue comme le format le plus adapté à ces thèmes. Le livre illustré a un rythme plus lent, la bande dessinée permet de rentrer plus facilement dans l’action.
Tu évoques justement ta fidèle complice Audrey Alwett ; cette fois, hormis la couleur, tu as été seul pour concevoir et réaliser Burlesque Girrrl, comment as-tu vécu cette forme d’isolement créatif ?
Ma vie a pris un virage auquel je ne m’attendais pas du tout et qui m’a bouleversé. J’avais besoin de revenir sur moi-même, de faire un bilan et c’est comme ça que m’est venu Burlesque Girrrl. Je ne pouvais faire cet album que tout seul. J’ai écrit le scénario et j’en ai dessiné les cases mais je n’ai pas vraiment été seul. J’ai demandé beaucoup de conseils à mes amis du studio Gottferdom pour l’écriture et la narration, j’ai aussi demandé à d’autres amis de venir participer au livre à leur façon et selon leur domaine. Certains m’ont renseigné sur le féminisme, d’autres sur les pin-up et le burlesque. Sans compter l’aide directe de RUN (directeur du Label 619 et auteur de Mutafukaz) pour les dialogues et de mon éditrice qui m’a apporté énormément de soutien tout au long de cette année. J’ai vécu ce projet complètement et à la fin du premier tome, j’ai même ressenti un vide (vivement le début du tome deux !), un baby blues peut-être ? Et tous ces gens qui m’ont entouré étaient comme des marraines et parrains, sans habits de fées (seul regret).
Quelles ont été tes sources d’inspiration pour Burlesque Girrrl ? Pourquoi plonger ton lecteur dans cet univers de pin-up tatouées, de rockabilly déjanté, et de culture kustom acidulée qui dénote de ton travail sur les contes ainsi que de ton amour pour le courant japonais des Gothic-Lolita ?
J’ai découvert le rockabilly et toute la culture qui tourne autour il y a un peu plus de vingt ans. Même si j’écoute toutes sortes de musiques différentes, c’est toujours vers le rockab’ que je reviens. C’est ce qui m’a nourri au début et je ne peux en oublier le goût ! Mais il y a beaucoup d’autres inspirations ! Je pense d’abord aux Riot Grrrls américaines (le Riot Grrrl est un mouvement musical à la croisée du punk rock et du rock alternatif aux idées féministes, et ayant connu son apogée au début des années 1990. C’est une réaction aux tendances machistes de certaines parties du mouvement punk.) dont le nom a inspiré le titre de l’album tout comme le nom du groupe de Violette, mon héroïne. Quoi que je dessine, on devine mon grand penchant pro-féministe et ce depuis mon premier album Gothic Lolita auquel je fais un clin d’oeil dans Burlesque Girrrl : Violette est la traduction de Sumire, nom de l’héroïne de Gothic Lolita. Finalement, le fond reste le même, c’est juste la forme qui change, un changement pour un propos plus direct, plus soutenu, définitivement plus adulte. Sumire était une fille, Violette est une femme. Il me semble que Violette est parfaite avec sa façon de parler, ses formes gynoïdes, son travail et ses passions, sa démarche, pour illustrer mon propos. Mais je suis un illustrateur avant tout, un conteur, et je ne veux pas écrire un pamphlet anthropologique, je n’en n’ai pas les compétences de toute manière. Non, je veux une histoire colorée et agréable à lire. C’est pour ça que j’y ai mis tout ce qui me semblait illustrer mes idées de manière graphique : burlesque, pin-up, rockabilly, hot-rods. J’ai mis dans Burlesque Girrrl (presque) tout ce que j’aime ! C’est aussi une culture dans laquelle je vis quotidiennement. C’était donc naturel de l’y incorporer.
Pour finir, quel album nous conseillerais-tu d’écouter pour lire ta BD ?
Commencez par Devil Doll, la marraine de Burlesque Girrrl, mais passez aussi par Imelda May, Kim Lenz, Horror Pops, Kitty Daisy and Lewis, Marti Brom, Bernadette Seacrest, n’oubliez pas The Boswell sisters, Rose Murphy, et pourquoi pas quelques garçons aussi avec Deadbolt, Devil brigade, Johnny Cash, Batmobile, Mad sin, The Listeners, The snowdroppers et Reverend Horton heat. Bref, du rockabilly, du jazz !
Retrouvez-le en dédicace
Samedi 31 août à partir de 14h00
à La Bédérie
9 rue des cordeliers
13100 Aix en Provence
En librairie le 29 août 2013
Source : Ankama