C’est le 21 mars prochain que les éditions Ki-oon publieront les deux premiers tomes de Cesare, un manga historique retraçant la vie d’un des personnages les plus fascinants de la Renaissance italienne, Cesare Borgia. Pour cette occasion, l’éditeur vous a concocté un focus spécial sur les coulisses de la naissance de cette oeuvre créée par Fuyumi Sôryô.
La volonté d’un auteur
Quand Fuyumi Sôryô décide de s’atteler à l’écriture de Cesare en 2004, elle a une ambition bien précise : offrir à ses lecteurs un manga qui, tout en restant divertissant à suivre, propose un point de vue extrêmement documenté et historiquement crédible du personnage de Cesare Borgia.
Selon elle : ”Du point de vue artistique, la Renaissance est sans doute la période la plus brillante de l’Histoire de l’humanité. Jusqu’où un manga est-il capable de la restituer ? Je pense que notre objectif doit être de rendre un travail aussi historiquement précis qu’un travail académique, le plaisir de lecture en plus.”
Pour ça, elle sait qu’elle aura besoin de séances de recherches picturales et bibliographiques aussi nombreuses que régulières. Elle obtient donc de son éditeur une faveur assez rare pour être soulignée : contrairement à un manga classique pour lequel un auteur doit fournir un nombre de planches défini à intervalle régulier, Cesare pourra, dans une certaine mesure, être dessiné sans contrainte de temps, et ses différents chapitres ne seront publiés que lorsque Fuyumi Sôryô les jugera d’une qualité graphique et d’une justesse scénaristique suffisantes !
Cesare Borgia : des portraits aussi nombreux que divergents
Le premier obstacle auquel se heurte Fuyumi Sôryô en essayant d’étudier davantage le personnage de Cesare, c’est le nombre incroyable de témoignages divergents le concernant:
“Au départ, je voyais Cesare comme un héros un peu sombre : un Borgia, cruel, dévergondé, scandaleux… mais sans vraiment réussir à le cerner clairement, tant les informations qui me parvenaient étaient discordantes. Comment un homme réputé priser l’amusement, préférer la chasse à l’étude, capable de violer sa sœur et d’assassiner son frère pouvait-il en même temps être respecté de ses hommes et aimé du peuple ? Tout ça était aussi incohérent qu’énigmatique.”
Pour être certaine de continuer dans la bonne direction, elle décide donc de s’adjoindre les services de Motoaki Hara, un universitaire spécialiste de la Renaissance Italienne qui fera office de documentaliste attitré de la série. L’arrivée dans l’équipe de ce chercheur qui maîtrise parfaitement l’italien est une bénédiction pour Fuyumi Sôryô :
“Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, je commençais à désespérer de trouver un jour une biographie de Cesare Borgia en langue japonaise dont la fiabilité serait mondialement reconnue. J’avais déjà parcouru pas mal de références en japonais, mais toutes étaient lacunaires, bourrées de contradictions. Lorsqu’il a accepté de rejoindre l’équipe et qu’il m’a permis d’accéder aux sources en italien, les informations ont afflué, chaque jour apportait son lot de surprises.”
Le duo s’appuie principalement sur l’œuvre du célèbre historien italien Gustavo Sacerdote pour définir le personnage de Cesare.
Le dictionnaire biographique des grands personnages italiens, outil majeur de la recherche historique en Italie, considère sa biographie comme la plus aboutie parmi les multiples sources traitant des Borgia. Sa lecture aide à avoir une vision plus claire et non biaisée du contexte historique qui nous laisse imaginer à quel point le portrait dressé de tout temps du personnage de Cesare peut être sujet à discussion.
“Les recherches de monsieur Hara m’ont appris que nous avions affaire à un homme intelligent et éduqué, maîtrisant aussi bien l’italien que l’espagnol ou le français, diplômé en droit civil et en droit canon.”
L’équilibre entre fiction et réalité
Malgré l’afflux nouveau de sources nombreuses et détaillées, les zones d’ombre autour de Cesare et de son entourage sont légion et les auteurs doivent parfois se livrer à un véritable travail d’enquêteur pour relier les faits de manière crédible. Les choix les plus compliqués à faire ont été ceux concernant le mystérieux bras droit de Cesare : Michelotto Da Corella.
“Peu de sources le mentionnent et, malgré tout, les descriptions qu’elles font de lui divergent. Nous avons tenté de cerner son caractère à travers les vicissitudes de la maison Borgia et son propre parcours, pour faire en sorte de créer un personnage aussi consistant et conforme à la réalité que possible. (…) Nous avons essayé de construire une fiction en fondant nos hypothèses sur des faits pour respecter au mieux la vérité historique. Lire entre les lignes pour combler les blancs a sans doute été l’activité la plus chronophage… mais aussi la plus passionnante”.
En attendant de pouvoir juger par vous-même si les auteurs ont accompli la mission qu’ils s’étaient fixée, nous vous invitons à découvrir les visuels officiels des 2 premiers tomes de la version française à paraître le 21 mars !
N’oubliez pas également que Fuyumi Sôryô et Motoaki Hara seront les invités de Ki-oon à l’occasion du Salon du Livre de Paris qui se déroulera du 22 au 25 mars 2013 !
Plus d’infos à ce sujet très prochainement !
Source : Editions Ki-oon