Zero Yen a eu la chance de s’entretenir avec Marié Digby pour une interview exclusive. Portrait d’une artiste indépendante et remarquable à l’aube d’une année 2013 chargée en actualité musicale.
Zero Yen (ZY) : Bonjour Marié, c’est un plaisir de t’avoir avec nous aujourd’hui. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Marié Digby (MD) : Hello, je m’appelle Marié Digby. J’ai 2 sœurs, un chat, un chien et une maison dans les hauteurs de Los Angeles. J’adore les animaux, je suis accro au chocolat mais par dessus tout, j’adore la musique.
ZY : Pourquoi as-tu décidé de démarrer une carrière en tant que chanteuse, auteur, compositeur et interprète ?
MD : Le choix s’est plus ou moins imposé de lui-même. J’étais une adolescente très déprimée et je n’avais pas vraiment de but dans la vie. Arrivée à l’âge de 13 ans, je me suis rendue compte que la seule chose qui me rendait heureuse et me faisait oublier mes soucis était d’écouter de la musique. En particulier, un album de Portishead. Je pense que c’est cette année-là que j’ai réalisé qu’elle allait jouer un rôle important dans ma vie et cela, pour toujours.
ZY : La plupart des gens t’ont découverte sur YouTube avec ta reprise acoustique de la célèbre chanson « Umbrella » de Rihanna. Pourquoi avoir choisi ce morceau ?
MD : Je commençais à peine à poster des vidéos sur YouTube. Un été, j’ai entendu cette chanson à la radio et je l’ai trouvée fascinante. J’arrivais déjà à la chanter après la première écoute. Je savais qu’elle était suffisamment entraînante pour que je puisse en faire une version acoustique.
ZY : Aujourd’hui encore, tu mets régulièrement des covers sur ta chaîne YouTube. Comment les choisis-tu ?
MD : Sincèrement, cela dépend de mes humeurs. Parfois, si je n’entends rien qui me plaît, il peut se passer des semaines, voire des mois sans que je ne poste aucun titre. Je sélectionne des chansons que j’aime interpréter et recréer à ma façon ! Dès que je considérerai YouTube comme une obligation ou un job, la chaîne n’aura plus de raison d’être à mes yeux.
ZY : Parlons un peu maintenant de tes origines. Tu es née d’une mère japonaise et d’un père américain d’origine irlandaise, où passais-tu le plus clair de ton temps ? Était-il difficile en tant que métisse de vivre aux USA ?
MD : J’ai grandi à Los Angeles mais ma famille retournait au Japon aussi souvent que possible. Tokyo est comme une seconde maison pour moi. Mes parents y habitent maintenant et je suis sur place environ un tiers de l’année. Sous tous les aspects, être métisse est un point très positif. J’arrive à m’intégrer presque partout où je vais. De ce fait, je me sens difficilement exclue.
ZY : Pourrais-tu nous dire ce que tu apprécies le plus dans chacune de ces cultures ?
MD : J’adore le fait qu’elles soient aussi différentes l’une de l’autre et, plus j’apprends à les connaître, plus j’ai le sentiment d’être un vrai mélange des deux. Dans la culture japonaise, on attache beaucoup de valeur à la pureté et à la beauté de la nature. On nous apprend à être humble et à penser au bien-être de la société dans son ensemble au lieu de ne penser qu’à nous-mêmes. Les liens familiaux sont aussi extrêmement valorisés. La culture américaine, quant à elle, est centrée entièrement sur les rêves et les réussites de l’individu. D’une certaine façon, on peut dire qu’il y a moins de restrictions aux États-Unis. On encourage fortement les gens à poursuivre leurs rêves les plus fous parce que ce pays leur permet de les réaliser. En tant qu’Américaine, on m’a appris à avoir confiance en moi et à affirmer mes opinions.
ZY : Comme tu le sais peut-être, la France et le Japon ont toujours été proches. Nous partageons des liens culturels assez forts dans des domaines comme la gastronomie ou le divertissement. Par exemple, les anime et les sushi sont très populaires ici. Perçois-tu une certaine influence française lorsque tu te rends au Japon ?
MD : Je souhaiterais en voir plus, ce serait vraiment cool ! Mais malheureusement, la seule chose qui me vient à l’esprit est un assaisonnement de salade très populaire qui s’appelle « French dressing » (ndlr : c’est une sauce douce à base d’huile et de vinaigre que l’on pourrait comparer à la vinaigrette française). Mais je doute que celui-ci ait un quelconque rapport avec la France ! (rires)
ZY : En parlant de notre pays, tu es venue donner un concert ici le 26 janvier 2011. Qu’as-tu pensé du public français ? Aimerais-tu renouveler cette expérience ?
MD : C’était absolument incroyable de jouer pour la première fois à Paris ! Je ne m’attendais pas à être si connue ici. C’était une agréable surprise de voir une salle comble (ndlr : le concert a eu lieu à l’Archipel, un petit cinéma indépendant de la capitale). Tout le monde m’écoutait avec attention en me donnant de l’énergie durant le concert. J’ai hâte d’y retourner un jour.
ZY : Connais-tu quelques mots de français ? Si oui, c’est le moment de dire quelque chose à nos lecteurs ! (et futur fans, j’en suis certain !)
MD : J’ai étudié le français pendant 4 ans. J’ai appris tant de choses mais, malheureusement, la phrase que j’utilisais le plus à ce moment-là est la seule que j’ai retenue : « Est-ce que je peux aller aux toilettes, s’il vous plaît ? ». Manifestement, je m’en suis beaucoup servi !
ZY : As-tu déjà songé à enregistrer une chanson dans la langue de Molière, même partiellement ?
MD : J’adorerais le faire un jour mais seulement si quelqu’un m’aide à tout prononcer correctement. Je ne supporterais pas de massacrer ce bel accent.
ZY : Il y a 2 ans environ, tu as sorti « Second Home », un album en japonais contenant des reprises de classiques de la J-POP. Serais-tu intéressée de faire un autre CD dans cette langue avec tes propres compositions ?
MD : J’ai toujours voulu le faire même si je n’ai jamais vraiment eu le temps pour cela. Le Japon est un endroit très délicat pour enregistrer de la musique, c’est un système complètement différent du reste du monde. Bien que je sois japonaise, je n’ai toujours pas bien compris son fonctionnement. Peut-être qu’un jour je me jetterai à l’eau et je ferai cet album toute seule.
ZY : Tu as récemment quitté ta maison de disque (Hollywood Records) et tu es devenue indépendante. Comment et pourquoi avoir fait ce choix artistique ?
MD : Ce contrat s’est terminé au bout de 3 albums. Tous les gens qui m’avaient aidé ont été virés et il ne restait plus personne du label pour s’occuper de moi. De plus, je n’ai jamais vraiment senti qu’ils comprenaient mon art ou mes aspirations. J’étais ravie de pouvoir enfin faire les choses à ma façon sans avoir besoin de demander l’autorisation avant de les mettre à disposition du public. Mais bien sûr, être indépendante signifie aussi que beaucoup de challenges se présentent à moi.
ZY : As-tu des artistes J-POP préférés ?
MD : J’ai toujours adoré Utada Hikaru.
ZY : Tu sembles posséder un lien assez spécial avec l’Asie en général. Peux-tu nous en dire plus ?
MD : Je crois que tout a commencé avec la popularité grandissante de mes vidéos sur YouTube. En lisant les commentaires et e-mails des fans, je me suis rendue compte que la plupart d’entre eux venaient d’Asie et en particulier, d’Asie du Sud-Est. Je me suis sentie davantage attachée à ces gens. D’ailleurs, je leur témoigne toute ma reconnaissance. En vérité, sans leur soutien, je n’aurais jamais pu avoir l’opportunité de sortir ma musique dans le monde entier !
ZY : Il est maintenant l’heure de l’auto-promo ! Y a-t-il des projets à venir que tu souhaiterais partager avec nous aujourd’hui ?
MD : N’hésitez pas à me suivre sur YouTube ! Je suis de retour en force là-bas ! Je vais bientôt sortir de nouveaux clips comme le montage final de « First Picture of Earth » que j’ai réalisé avec mes sœurs (ndlr : la vidéo est sortie début décembre, l’interview ayant été faite au mois de novembre) ainsi que de passionnantes collaborations avec Kina Grannis (ndlr : une autre artiste métisse japonaise/américaine) et David Choi (ndlr : un musicien américano-coréen) !
ZY : Avant de clôturer cette interview, un dernier mot pour tes fans actuels et futurs ?
MD : « Je t’aime beaucoup ! Tu me manques ! » (ndlr : en français dans le texte). J’espère vous voir très bientôt !
ZY : Nous avons terminé ! Merci beaucoup d’avoir pris le temps de discuter avec nous. Toute l’équipe de Zero Yen te souhaite bonne chance pour ta nouvelle carrière en tant qu’artiste indépendante. À bientôt !
Retrouvez Marié Digby sur Twitter.
Interview réalisée et traduite par Ghis
BONUS : DISCOGRAPHIE
Si l’interview de la belle Marié Digby vous a donné envie de découvrir sa musique, voici sa discographie (non exhaustive) que vous pourrez vous procurer (CD ou mp3s) chez notre partenaire Amazon.fr.
UNFOLD (08/04/2008)
1. Fool
2. Better Off Alone
3. Say It Again
4. Miss Invisible
5. Stupid for You
6. Girlfriend
7. Traffic
8. Voice on the Radio
9. Spell
10. Beauty In Walking Away
11. Unfold
12. Umbrella
SECOND HOME (04/03/2009)
1. Gravity
2. Cherry
3. Kimi to Iu Hana
4. Gips
5. Yasashii Kimochi
6. Banzai (Suki de Yokatta)
7. Piece of My Wish
8. Nada Sōsō
9. Gentle Smile
10. Koyoi no Tsuki no Yō ni
11. [es]~Theme of es~
12. Love Love Love
BREATHING UNDERWATER (24/06/2009)
1. Daybreak
2. Avalanche
3. Breathing Underwater
4. Should’ve Been Simple
5. Know You By Heart
6. Feel
7. Come Find Me
8. Symphony
9. Machine
10. Overboard (feat. Livvi Franc)
11. Love With a Stranger
12. Come to Life
13. Crazier Things
YOUR LOVE (16/09/2011)
1. Your Love
2. Swoon
3. I Think I’m In Love
4. Loving You Is Easy
5. I Do (Duet with Jericho Rosales)
6. Say It Again
7. Umbrella
8. Your Love (Duet with Sam Milby)