Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons de découvrir un homme qui a marqué à jamais l’histoire du Japon. Il s’agit de Hirô Onoda, le dernier soldat de la Seconde Guerre mondiale à déposer les armes.
Hirô Onoda (小野田 寛郎 , Onoda Hirô) , né le 19 mars 1922, fut officier chez les commandos de l’armée impériale japonaise. Envoyé sur l’île de Lubang, aux Philippines en 1944, avec mission de détruire les infrastructures pouvant faciliter un débarquement américain. Il reçut l’ordre, avec ses hommes, de tenir sa position quoiqu’il advienne et de ne pas se rendre. Il alla bien au-delà de son devoir, puisqu’il fut le dernier soldat japonais de la Seconde Guerre mondiale à déposer les armes en… 1974.
Pays guerrier, où Samourai et Shinobi (ninjas) firent la loi, longtemps replié sur lui-même, le Japon adopta très vite les méthodes de guerre occidentales au tournant du 20ème siècle pour battre une puissance de premier plan comme la Russie en 1905. Pays du Bushidô (la voie du guerrier), la guerre est donc un sujet récurrent et parfaitement maîtrisé dans l’histoire du Japon. L’Amiral Yamamoto, brillant stratège de la seconde guerre mondiale, était paradoxalement réticent à un conflit contre les américains, estimant que la supériorité nippone ne pouvait durer plus de 6 mois à un an. Ce qui fut le cas. Si, le Président Roosevelt avait fait enfermer les nippo-américains dans des camps après Pearl Harbor, il leur avait aussi donné l’occasion de se distinguer sur le front européen en créant un régiment unique pour tous les américains d’origine japonaise : le 442ème régiment d’infanterie, qui à ce jour reste l’unité de l’armée américaine la plus décorée.
Il y a 70 ans, L’Armée impériale japonaise avait monopolisé plus de 6 millions d’hommes dans tout l’Ouest du Pacifique. Après la reddition d’Aout 1945, il fut difficile de communiquer avec toutes les unités isolées dans des environnements insulaires et tropicaux. Certains soldats doutèrent fortement de la véracité de la reddition et continuèrent à se battre contre les autorités locales. Mais en 1955, la quasi-totalité d’entre eux s’étaient rendus… Cela dit, depuis 1944, Hiroo Onoda, avec ses subordonnés Yūichi Akatsu, Shōichi Shimada, Kinshichi Kozuka continuait la guerre dans les montagnes des Philippines. Akatsu se rendit en 1950, tandis que Shimada et Kozuka furent tués dans des échanges de tir avec la police locale. Evidemment, de nombreux messages avertirent Onoda et ses compagnons d’armes de la fin de la guerre, mais ce dernier refusa de les croire.
Ce n’est qu’en 1974 qu’un lycéen japonais en échec scolaire, Norio Suzuki, décida de partir à sa recherche, le retrouva et revint au Japon avec une photo de lui et du soldat rebelle, comme preuve de vie. Ce dernier avait accepté de se rendre à une seule condition : Recevoir l’ordre de son supérieur direct. Les autorités japonaises retrouvèrent le supérieur d’Onoda, qui coulait une retraite paisible après une carrière de libraire. Ce dernier vit le voyage aux Philippines, pour ordonner à Onoda de déposer les armes. Son fusil Arisaka était parfaitement entretenu, il lui restait 500 cartouches et plusieurs grenades. Bien qu’il eu tué une trentaine de Philippins, parmi les forces de l’ordre, Onoda fut gracié par le Président Noriega et put rentrer au Japon. Les médecins qui l’examinèrent affirmèrent leur souhait de voir des patients urbains en aussi bonne condition physique.
L’histoire du dernier soldat de l’armée impériale japonaise est fascinante. Elle illustre le pouvoir infini de l’esprit humain, source de tous les miracles mais aussi de tous les extrémismes. Dans nos sociétés contemporaines plaintives et revendicatrices, elle ne donne qu’un seul conseil : « Apprenez à encaisser ».
Article écrit par Michael J.P. Laurent
5 commentaires
Je suis content de faire découvrir cette histoire aux jeunes lecteurs ……., passionnés par le Japon. Loin d’être un belliciste, même si je sais me servir de tous types d’armes, j’ai trouvé cette histoire fascinante sur les capacités humaines et la persévérance.
Concernant l’amiral Yamamoto, qui, jeune officier, voyagea aux Etats-unis, il fut le plus brillant officier supérieure de l’armée impériale et le moins radical dans ses actes. L’avion qui le transportait, escorté par des chasseurs, fut abattu lors d’une opération préparée de longue date par les américains. Tellement confidentiel , que même les aviateurs US savaient seulement qu’ils devaient descendre l’avion d’ « un officier de haut rang ». L’Etat major japonais retarda au maximum l’annonce de sa mort pour ne pas miner le moral des troupes.
La guerre des américains pour libérer l’ Europe en 1944-45 était une balade , si on compare à la campagne militaire du Pacifique. Faire prisonnier plusieurs centaines de soldats allemands était normal, capturer vivant dix soldats japonais relevait de l’exploit !!!!!
Le Japon n’avait pas la capacité industriel des Etats-unis et a commis des erreurs stratégiques en privilégiant les énormes bateaux de guerre aux canons à la précision très incertaine. Le conflit était inévitable entre le deux super puissances du pacifique, mais aucune des deux ne pouvait sortir vainqueur incontesté …. La reddition du Japon n’est pas dû aux bombardements atomiques, comme on le pense mais au fait que les autorités japonaises , consciente de ne pouvoir vaincre, ont préféré se rendre aux américains plutôt qu’aux russes ….. (qui déclarèrent très tardivement la guerre au japon).
C’est le rambo du Japon celui-là.
Sébastien, renseignes toi sur la rébellion de Satsuma en 1877…… La rébellion des samourais contre l’armée impériale japonaise, fit aussi un grand acte de bravoure militaire !!!!!!!, mais ils furent surpassés quantitativement.
Cependant, comme dans la bataille des THermopyles, opposant 300 spartiates à 10000 perses, même les meilleurs guerriers ne peuvent vaincre à 1 contre 30 (pour le japon, 1877 = 1945).
C’est pour cela que de nos jours, les meilleurs soldats appartiennent à des commandos d’Elite, dont l’action n’est pas dans l’opposition frontale, mais dans des opérations rapides, planifiées et sur objectifs à détruire, avant de se replier !!!!
En somme, Onoda est le seul soldat de la Seconde guerre mondiale à ne pas avoir capituler, puisqu’il déposa les armes sur ordre de son supérieur (et non de l’ennemi).
IL faut noter qu’Onoda a avant tout livré un combat face à lui même. Dans un exemple d’auto-discipline poussé à l’extrême, il ne dévia pas de la route qu’il s’était fixé….. Son action n’est pas lié à un endoctrinement politique, mais à un souci de suivre les règles qu’il avait accepté en 1944 comme conduite de vie. .
C’est cet exemple que j’ai trouvé EXCEPTIONNEL !!!!!!