Quand je me lance dans le visionnage d’un anime, je me débrouille pour en trouver un « culte » de préférence afin d’enrichir ma culture otaku. « Fushigi no Umi no Nadia » (« ふしぎの海のナディア ») s’est donc imposé comme une œuvre répondant à tous mes critères avec son staff alléchant, son studio et sa réputation en or.
Origine
Diffusé pour la première fois dans les années 90 sur la NHK, « Nadia et le secret de l’eau bleue » repose sur un concept de Hayao Miyazaki, porté à l’écran par Hideaki Anno. Quand on sait qu’en plus, ce projet est inspiré de l’œuvre de Jules Verne, on ne peut que partir avec un a priori positif. Mais attention : ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Car si Nadia tient de nombreuses promesses, l’anime pêche par moment, nous y reviendrons un petit peu plus tard. Pour l’heure, penchons nous sur la réalisation.
Réalisation générale
Studio Gainax oblige, la réalisation de Nadia est soignée et poussée. Si l’anime a bien sûr vieilli avec les années, il l’a fait tel le bon vin et démontre une certaine prouesse technique dans l’ensemble des épisodes. Ainsi, à l’instar d’Evangelion et de Karekano, nous retrouverons un/des épisode(s) où certains passages seront relatés de façon crayonnés : il s’agit là de la signature d’Anno, à la réalisation de toutes les séries précitées.
Le chara-design des personnages est atypique et ne sera pas sans rappeler celui d’Evangelion. Certains protagonistes se ressemblent énormément entre les deux œuvres, que ce soit d’un point de vue physique ou psychologique. Par exemple, je ne peux pas m’empêcher de comparer Ritsuko Akagi avec Elektra, deux blondes au caractère taciturne (moins marqué chez Elektra) amoureuses d’un homme mûr dont elles suivent les ordres. Ceci s’explique par le fait que le chara-designer des deux séries est le même : Shinji Mizuki. Il en est de même pour les MECHA, Anno et Masuo s’occupent toujours de leur design ensemble, vous ne serez pas dépaysé d’un point de vue visuel.
Concernant le background graphique, qui change régulièrement au gré des voyages de nos héros (Paris, Nautilus, Atlantis, l’Afrique), Gainax a mis les bouchées doubles. L’histoire débute dans le Paris du 19ème siècle et l’ambiance que j’imaginais de cette belle époque est bien retranscrite. Hiromasa Ogura, Hiroshi Sasaki et Masanori Kikuchi ont su créer des décors originaux (l’Atlantis principalement avec sa technologie avancée) à la qualité constante.
Scénario
N’ayant lu aucun Jules Verne à ce jour, il me sera impossible de comparer Nadia et le secret de l’eau bleue à l’œuvre dont elle s’inspire. En revanche, cela ne m’empêche en rien de m’attarder sur le scénario en lui-même. Finalement, Fushigi No Umi reste assez traditionnel : le but du grand méchant n’est pas bien folichon, il veut tout simplement s’emparer du monde… Et c’est tout.
Si l’on fait fi de ce point négatif, le récit reste de très bonne facture. En regardant les premiers épisodes, je me suis dit que l’œuvre s’adressait au grand public avec ses personnages hauts en couleur, son côté aventure très prononcé et deux adolescents en tête d’affiche pour héros. Il n’en est rien du tout : l’anime comporte des passages très sombres et sanglants, contrastant complètement avec l’atmosphère joviale qui s’installe au fur et à mesure. Si l’on analyse le personnage de Marie, il est clair qu’elle a été incluse pour apporter de l’humour et de la légèreté et contrebalancer les moments plus rudes. Malgré cela, il faut se rappeler que c’est une orpheline dont les parents ont été froidement assassinés, sous ses yeux. Anno ne nous épargne rien d’ailleurs, aucune censure, le sang fusera.
Elle responsabilisera Nadia et Jean qui devront s’improviser comme des parents de substitution en la sauvant, les rendant plus matures. Chaque personnage évoluera et grandira en fonction de son passé et de ses aspirations futures. Parmi ses nombreuses interrogations, Jean en viendra à se demander ce que c’est que d’être un adulte. Il devra apprendre à être conciliant et à faire des choix qui ne le réjouiront pas forcément. Il en est de même pour Nadia, elle qui ne supporte pas que l’on tue les animaux, les mange et qui dénigre parfois la technologie, devra vivre à bord du Nautilus, vaisseau de guerre ultra-sophistiqué dont l’équipage n’est pas constitué de végétariens.
Les rebondissements et les cliffhangers ne sont pas légions et même s’ils manquent parfois de peps car trop classiques (qui n’a pas deviné dès le premier instant qui était le vrai père de Nadia… ?), ils n’en restent pas moins efficaces et plaisants. Le mystère qui entoure l’eau bleue, l’Atlantide et son peuple est lui aussi très intéressant à découvrir, d’autant plus que les informations filtrent au compte-gouttes, rendant les révélations d’autant plus cool à suivre.
Bande Son
J’ai adoré l’OST de Nadia, elle me rappelait quelque chose que j’aimais, me rendait nostalgique… Vous n’êtes pas sans savoir que je suis un TRÈS grand fan d’Orange Road n’est-ce pas ? Et bien, le compositeur est le même ! Ces basses, ces notes de piano, je savais que les avais déjà entendues quelque part… Bref, la bande-son colle merveilleusement bien avec ses tons d’aventure, mélancoliques et épiques parfois.
Les épisodes de l’île
Là, on attaque le vrai point noir de Nadia. Si le but du grand méchant est un peu trop classique à mon goût, il faut admettre qu’il reste classe et que son armée Néo-Atlante est cruelle comme il le faut. Mais alors les épisodes de l’île… WTF. Les épisodes 23 à 34 sont une pure horreur : ils rompent net avec la qualité scénaristique et graphique du reste du récit. Le cadre est donc l’île sur laquelle échouent Nadia, Jean, Marie et Léo et on nous sert des épisodes vides de sens, lourds, inutiles… Mais pourquoi bon sang ? La première partie de l’anime manque parfois de dynamisme, tandis que sa fin semble précipitée. Pourquoi ne pas avoir inséré, entre les deux, des épisodes plus « concrets » ?
Les épisodes de l’île ont apparemment été commandés alors que la série était en cours, à cause de l’immense succès qu’elle rencontra. Il est dommage qu’ils n’apportent rien de plus…
Conclusion
Nadia et le secret de l’au bleue est un anime culte à la qualité quasi-constante. On peut lui reprocher son côté un peu manichéen avec son grand méchant pas très original et les navrants épisodes de l’île… La série aborde tout de même une quantité de thèmes intéressants et rend un bien bel hommage à Jules Verne.
Un commentaire
Série sympa que j’aurais bien achetée en DVD mais introuvable… Je viens de voir qu’une remastérisation en Blu-Ray était sortie au Japon fin 2011. Y’a plus qu’à espérer une version US ou FR…