Le temps passe et n’épargne rien ni personne. Voici une adaptation copieuse de l’œuvre complexe de Proust, précurseur du roman moderne. Il signe ici une œuvre profonde sur le rapport de l’homme au temps.
Il passe devant nos yeux sans jamais arrêter son envol, et ce, jusqu’à ce que les souvenirs rejaillissent en nous après avoir ressenti une sensation familière. La fameuse Madeleine de Proust, ce simple gâteau est synonyme du temps passé et de la nostalgie qui l’accompagne.
C’est lorsque le narrateur, homologue de l’auteur, en goûte une que son passé lui revient à la mémoire. Un passé où la tendresse et la mélancolie se mêlent aux affres des amours déçus, les premiers émois et les intenses jalousies se conjuguent toutes au même temps. Un temps enfin retrouvé. Mais ce sont les rides, ces cicatrices que le temps nous laisse, qui résument le mieux l’œuvre. Insatisfait et incapable de trouver un bonheur véritable, le protagoniste ne se rendra compte qu’il aura aimé que lorsque cela sera trop tard. L’inconstance des sentiments, l’ambigüité de l’amour, l’homosexualité sont les nombreux thèmes présents dans la vie du héros.
Ce roman psychologique dépeint l’aristocratie du début du vingtième siècle mais ce n’est pas une peinture sociale. Les intrigues amoureuses ainsi que leurs conséquences psychologiques sont le fil conducteur de la vie du narrateur. C’est ainsi que l’œuvre touche à l’universel en rentrant dans la vie intérieure des personnages. Et ceci, le manga le retranscrit avec fidélité en se permettant le luxe de développer et montrer les états d’âme d’un auteur torturé par sa sensibilité. Le trait rond assure lisibilité et clarté au récit. Le lecteur s’identifiera certainement aux tourments existentiels ou du moins amoureux de ces êtres de papier si réalistes.
Excellent résumé de ce monument dans tous les sens du terme de la littérature française, Soleil offre une belle adaptation à un prix raisonnable qui donnera envie aux curieux de partir à la recherche du temps perdu avec Proust dans les méandres du souvenir.