Après une petite hésitation, je me suis finalement décidé à chroniquer « Byōsoku Go Senchimētoru » (« 5 centimètres par seconde » en français) de Makoto Shinkaï. Il s’agit du long métrage d’animation qui m’a fait découvrir ce réalisateur qui a su me faire frissonner durant les 63 minutes de ce petit bijou. Attention : ce dossier comportera des spoilers !
L’amour, encore et toujours
« Ah l’amûr, ah que c’est bô ! » Le thème du premier émoi amoureux dans la japanimation en est presque devenu galvaudé avec le temps. Effectivement, on ne compte plus le nombre d’animés codifiés de bout en bout, dotés d’une fin convenue que l’on devine 25 épisodes avant le grand final ou bien 89 minutes avant la fin du film. Ces procédés nous laissant souvent pantois devant un manque cruel d’originalité et d’émotions.
C’est le problème récurrent d’un grand nombre de studios d’animation : ils se contentent bien souvent de la recette à succès du moment en essayant de se distinguer en incluant une sempiternelle histoire d’amour d’enfance. Résultat : cette astuce bien connue ne permet d’obtenir qu’un titre fade, une pâle copie qui ne marque pas les esprits.
Soudain, « Byōsoku Go Senchimētoru » voit le jour en 2007. C’est un véritable pied de nez aux productions de l’époque. Makoto Shinkaï apporte sa vision épurée, fleur bleue et bouleversante du premier amour.
Candeur
Pour servir son propos, Makoto Shinkaï découpe son film en 3 parties bien distinctes d’environ 20 minutes chacune : Ōkashō, Kosumonoto et enfin Byōsoku 5 Senchimētoru. Cela lui permet de nous montrer l’évolution sentimentale que peut connaître « l’amour longue distance ». C’est donc de cela que va traiter tout au long de ses 63 minutes le film. Vous vouliez un peu d’originalité ? Et bien, à la vôtre les amis !
On commence tout d’abord en s’attardant sur l’enfance (Ōkashō). À l’arrivée d’Akari Shinohara dans son école, Takaki Tono se lie rapidement d’amitié avec elle : ils sont victimes d’allergies saisonnières et ils préfèrent rester à l’intérieur de l’école pour les éviter. Tout semble se passer au mieux pour ces deux enfants qui n’osent encore s’avouer leurs sentiments communs.
Malheureusement, Akari déménage à la fin de l’école primaire. Ils entretiennent alors une correspondance régulière pour garder le contact mais le destin s’en mêle à nouveau : Akari va déménager encore plus (trop ?) loin, à Kagoshima. Takaki se décide d’aller la voir, sûrement pour la dernière fois… Après maintes péripéties, les deux enfants finiront par se retrouver et s’échangeront un premier et dernier baiser sous un cerisier enneigé. Ils repartiront ensuite chacun de leur côté le lendemain de cette nuit qui les aura réunis, amers des circonstances qui les éloigneront à jamais.
Amertume
Vous l’aurez compris, après le départ à Kagoshima de la demoiselle, la question sera de savoir si leur amour, pur et sincère, pourra survivre à leur séparation forcée. Shinkaï opte pour un développement assez réaliste et, par conséquent, triste et mélancolique. La réponse, aussi pénible pourra-t-elle paraître, sera négative.
Dans la seconde partie (Kosumonoto), nous suivons Takaki, devenu adolescent. L’action se situe désormais au centre spatial de Tanegashima. Tono ne peut encore se faire à l’idée que sa relation avec Akari se soit terminée. Il passe donc, sans s’en rendre compte, à côté de l’amour qu’éprouve sa camarade de classe Kanae Sumida pour lui. Celle-ci le voit constamment concentré sur son portable, envoyant visiblement des e-mails à quelqu’un. La jeune fille assimile bien vite que l’esprit de son ami est ailleurs et qu’il n’y a aucune place pour elle dans son cœur. Incapable d’oublier son ancien amour, le jeune homme ne se rend pas compte qu’il blesse Kanae, qui aurait peut-être pu lui faire oublier Akari. Elle préférera donc étouffer son amour, qui restera à sens unique.
Avenir
La troisième et ultime partie (Byōsoku 5 Senchimētoru ) se déroule à Tokyo. Takaki est maintenant un homme et n’a toujours pas pu oublier sa dulcinée. Au bord de la dépression, il délaisse toute forme de vie sociale et reste cloîtré chez lui, sauf pour se rendre à son travail. Akari, quant à elle, prépare son mariage et a réussi à tourner la page, à retrouver le bonheur auprès d’un autre, là où Takaki est malheureusement resté prisonnier de son amour d’enfance. La scène finale laissera toutefois entrevoir un espoir pour son avenir sentimental.
Merveille visuelle et musicale
Le ton résolument réaliste et doucereux a grandement contribué à faire de « Byōsoku Go Senchimētoru » un chef d’œuvre. Mais il ne faut pas oublier de souligner que l’atmosphère hautement poétique de ce film doit aussi beaucoup à sa magnifique bande-son (de Tenmon) et à son design général très soigné. La bande originale colle parfaitement à l’ambiance mélancolique du titre. On se souviendra tout particulièrement de la chanson qui clôture ce long métrage d’animation : « One more time, One more chance » de Yamazaki Masayoshi.
Les ombres et lumières sont particulièrement bien gérées, les décors crèvent l’écran et les cadres sont bien amenés. Un grand merci à Takayo Nishimura pour son chara-design des personnages vraiment sublimes, alliant à la fois authenticité et candeur.
Les pétales de cerisier tombent en 5 secondes… C’est aussi le temps que je vous laisse afin de vous procurer ce petit bijou d’animation. Quoi ? C’est trop court ? Prenez 5 secondes de plus alors. Avec son enrobage de tendresse mélancolique et son cœur d’amour fleur bleue (sans jamais tomber dans le « gnan gnan »), cette ode à l’amour mérite amplement une place dans votre vidéothèque, à visionner à tout prix avec 2 paquets de mouchoir. Pour une fois, le sujet est traité de façon assez universelle et sans fioritures : il serait franchement dommage de passer à côté.
6 commentaires
Un super anime, j’ai vraiment aimé.
Sébastien,
Peux tu me dire si ce film est en version française ?
Merci.
PS : Pas compris ce commentaire ????????????????
« Pierro
18 décembre 2011 à 15:31
Moi ça m’arrive d’allez jusqu’a 20 centimètres en 1 seconde. »
Moi ça m’arrive d’allez jusqu’a 20 centimètres en 1 seconde.
Très belle oeuvre, Makoto Shinkai fait vraiment partie de la génération montante d’animateurs!
Superbe animé, une réalisation qui laisse vraiment passer les émotions, peu de réalisateur arrive à en faire autant avec un tel minimalisme.
Il m’a l’air super !!
J’adore voir ces dessins animés !!!