Publié le 10 Novembre 2011 chez nous, Yotsuba signe son grand retour avec un excellent 10ème tome qui confirme son statut d’incontournable du genre tranche de vie/humour. C’est l’occasion pour moi de vous proposer une petite review que j’avais rédigée avec tout l’amour que j’ai pour ce titre. Bonne lecture !
Yotsuba To !
C’est l’histoire de Yotsuba, une fillette de 5 ans qui déménage avec son père dans une nouvelle ville. Ne connaîssant que le meilleur ami de celui-ci au départ, Jumbo, elle va très vite se lier d’amitié à l’ensemble de la famille voisine composée du père et de la mère Ayase; d’Ena, la cadette sensiblement plus âgée que notre héroïne en culottes courtes; de Fuka en première (16 ans) et de Asagi, l’aînée actuellement à l’université.
C’est l’histoire de la vie
Ou plus exactement, il s’agit de l’histoire de la vie d’une enfant de 5 ans. Pour être encore plus précis, Kiyohiko Azuma nous offre une véritable ode à l’enfance. C’est promis, j’arrête avec les précisions. Dans un paysage français saturé de blockbusters shônen ressemblants les uns aux autres, de seinen passés de première fraîcheur et de shôjos caricaturaux, Yotsuba est une brise légère qui vient apaiser les rayons manga de nos vertes contrées. Le speech de départ en rebutera plus d’un : suivre le quotidien d’une gamine. C’est sûr, ça n’a pas l’air aussi palpitant qu’un énième combat pour sauver la planète terre. Où sont passés Goku et ses amis ? Pourtant, il n’en est rien.
Grâce à son ton « tranche de vie comique », Yotsuba est un titre accrocheur, aux qualités scénaristiques et graphiques reconnues du grand public et de la critique. Pourtant, personne ne l’achète. La faute, je me répète encore une fois, à un catalogue manga obstrué qui ne laisse la place qu’aux amis du Shônen Jump ou presque.
Un humour poilant et émouvant
Yotsuba, c’est terriblement drôle. Mais il ne s’agit pas d’un humour dont on ne retient que le côté cocasse comme dans City Hunter ou Love Hina, ni uniquement basé sur les jeux de mots ou les quiproquos comme dans les œuvres de Rumiko Takahashi. Non, Yotsuba, c’est tendre et émouvant. Et c’est de cela dont on se souvient quand on songe à l’héroïne aux cheveux verts. Mise à part sa coupe complètement loufoque, l’humour passe avant tout grâce aux personnages authentiques et hauts en couleur qui donnent toute sa saveur à la série.
Prenons l’exemple de Koiwaï, le père de l’enfant. Il ne donne absolument pas l’image du tuteur idéal : il est capable de partir dans des trips hallucinants avec son ami Jumbo sous les yeux de sa fille, qui tempère parfois ses ardeurs ! Pour continuer, n’oublions pas de préciser qu’il entretient une barbe de 2/3 jours et se balade la plupart du temps en caleçon.
Les apparences sont trompeuses: on apprend dès la fin du tome 1 qu’il a adopté Yotsuba. Voilà donc un papa attentionné et responsable, qui prend tout de suite plus d’ampleur. En dépit de ce côté négligé, Koiwaï est un bon parent qui n’hésite pas à faire des remontrances dès que cela s’avère nécessaire.
Quand l’expressivité prend tout son sens
Ce qui est appréciable dès le départ avec cette série, c’est qu’elle possède un dessin unique, que l’on reconnaît entre mille. C’est la marque de grands maîtres et Kiyohiko Azuma l’a bien compris. Mais le mangaka ne s’est pas contenté d’avoir un style graphique peu commun : non-content de cette prouesse, Yotsuba est une oeuvre où l’expressivité de ses acteurs prend tout son sens. Les visages sont impressionnants de variété, à croire que le dessinateur possède une palette d’expressions infinies.
Le style fin et simple qu’utilise Azuma permet donc de rendre ses héros plus vivants que jamais malgré leur excentricité. Je parle des visages mais je tiens à préciser que les planches fourmillent de détails superbes au niveau des décors.
Yotsuba et ses héros utiles
Il n’existe pas de personnages qui n’a pas sa place dans Yotsuba. Toutes les nouvelles têtes que nous sommes amenées à découvrir sont à chaque fois un pilier pour « l’histoire » et l’évolution de la fillette.
Voici l’exemple de la famille Ayase. Elle est une sorte d’idéal familial japonais avec un père et une mère respectables, 3 filles sans histoires aux caractères biens distincts. On peut considérer qu’ils permettent de donner un certain équilibre à la petite fille : bien que son père l’ait toujours choyée, il manque une présence féminine chez Koiwaï pour représenter le côté maternel qu’est censé connaître un enfant.
Mamans et sœurs de substitution pour l’héroïne, les Ayase participent activement à son éducation. Ena représente la sœur dont on se sentirait la plus proche à l’âge de Yotsuba, celle que l’on recopie un peu et que l’on colle à longueur de journée. Fuka serait plutôt la grande soeur protectrice tandis qu’Asagi s’impose comme l’élément le plus stable et le moins présent, qui veille au loin, au sommet de la pyramide familiale.
Attardons-nous maintenant sur le pauvre Jumbo. Il tombe éperdument amoureux d’Asagi sans que cet amour ne soit (pour le moment) réciproque et connu. Il a tendance à se servir de Yotsuba pour conquérir l’élu de son cœur… Mais il serait bête de ne voir en Jumbo qu’un simple opportuniste. Il aime véritablement la fillette, même s’il se sert gentiment de son innocence pour approcher Asagi. C’est un véritable tonton pour elle, gentil et protecteur.
Passons à Yanda maintenant. Il débarque dans le tome 5 et Yotsuba le déteste presque d’emblée. Il se joue d’elle, de sa naïveté et celle-ci fera tout pour se venger de ses sarcasmes, de ses entourloupes. Bien que servant essentiellement de gimmick dont découlent des joutes verbales hilarantes, Yanda lui permet de grandir à sa façon : il lui apprend à se montrer plus maligne et à gagner en répartie, transcendant son rôle comique.
Je pourrai continuer ainsi très longtemps. Ceci vous donne une vague idée de la richesse et de l’importance de chacun dans ce récit. Même Cartox ! Oui, je vous l’assure !
Yotsuba slice of life
A travers sa galerie de personnages, nous pouvons suivre via le quotidien de Yotsuba les déboires sentimentaux de Fuka, la vie professionnelle de son père, sa relation avec son entourage, etc… Sans être une vaste critique de la société, le manga dépeint un portrait tout en justesse de la vie du Japonais moyen. Des courses au voyage à la plage, tout y passe. Il y a de quoi faire, ce n’est pas la matière qui risque de manquer ! Jusqu’à maintenant, le mangaka a toujours réussi à narrer avec talent les facéties de la fillette, espérons que cela continue !
Des sujets plus sombres à explorer
On a tendance à l’oublier mais Yotsuba est une orpheline, adoptée par Koiwaï au cours de l’un de ses voyages. Lorsque cette nouvelle est annoncée d’abord par Jumbo puis confirmée par le père, rien n’est dramatisé. Cependant, on peut imaginer qu’on en viendra à explorer le sujet tôt ou tard, ce qui pourrait s’avérer être très intéressant d’un point de vue narratif et apporter un degré supplémentaire de maturité à la série.
De plus, nous ignorons pourquoi mais Yotsuba a une peur bleue des épouvantails. Si, au départ, cela n’apporte qu’un élément comique de plus, on est en droit de se demander si les origines de cette peur ne connaissent pas des fondements plus tragiques…
Enjoy Everything !
J’espère avoir réussi à vous convaincre : Yotsuba To, c’est drôle, attachant, émouvant et surtout tellement vrai. C’est une série qui vous donnera la pêche et fera fonctionner vos zygomatiques à gogo. Une perle rare que je vous invite à acheter : les deux premiers tomes qui étaient en rupture de stock vont être republiés, l’occasion idéale de démarrer la série.
9 commentaires
Ma copine les a, faudrait que je me décide à les lire (en jap) j’en ai pour un siècle LOL
Ça m’a donné envie de le lire! Mais 11 volumes et série pas finie, y’en a pour des années je sens… :/
ça a l’air sympa, ça me fait penser au manga « sacrée mamie » !!! cela dit seb, les deux seuls que j’ai le courage d’essayer de lire en japonais c’est REAL et 20th century boys !!!!! des séries à ce niveau, faut faire l’effort, mais pour les autres, je suis très feignant !!!!! 😉
Yotsuba c’est assez accessible ya même des chapitres entier sans texte.
Je regarderai ça alors pierro,20th century boys par contre en jap ça arrache. Sacrée mamie je connais pas. C’est chez quel éditeur?
« Sacrée mamie », (Saganogabaibaachan) est la version manga de la biographie d’un acteur nippon, qui a grandi la campagne à saga seule avec sa grand mère….. DANS LES ANNEES 50 !!!!
C’est une EXCELLENTISSIME SERIE en 11 volumes chez delcourt !!!!
C’est gai, simple, divertissant ……. ça rappelle les plaisirs simples d’une époque où j’aurais voulu vivre. je suis ne en 1976, c’est trop récent !!!! 😉
moi, j’aime Audiard, Gerad oury, la petite maison dans la prairie, les mystères de l’ouest, le realisateur john Ford , le Smith &Wesson 38 SP (arme début 20 sicèle), l’arc en bois (arme du 14 ème sicèle), le ninjutsu et les haikus!!!!!! je m’ennuie à notre époque ……. 😉
Ca a l’air cool je vais voir le volume 1 !!
La petite maison dans la prairie héhé Charles Ingals est dans la place, moi je veux bien un article de sacré mamie je dis ça je dis rien.
Dès que j’ai le temps je vais rattraper mon retard de lecture de manga. Arf
Disons que Caroline ingalls dans la série, c’est vachement plus mon style que les AKB48…. en gros,j’aime les choses bien pensées avec les fondamentaux et pas de superflu….. !!! de nos jours, on fait plutot l’inverse.
pourquoi pas l’article sur sacrée mamie, je vais voir…. 😉