On peut dire que Zero Yen démarre en fanfare pour son premier numéro. Nous ne sommes pas peu fiers de vous proposer une interview de Yuuki, que nous avons rencontrée lors de sa venue au festival Mang’Azur à Toulon. Souriante, chaleureuse, passionnée et d’une patience à toute épreuve, nous avons longuement questionné cette demoiselle pendant plus de 40 minutes.
Zero Yen : Yuuki, bonjour. Avant toute chose : bon anniversaire ! (avec un petit peu de retard)
Yuuki : Aahhh, merci
ZY : Peux-tu, s’il te plait, te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Y : Bien sûr ! Je m’appelle Yuuki (rires). Je suis originaire de Saitama. Je faisais partie d’une chorale quand j’étais au collège, puis au lycée j’étais membre d’un groupe. Pensant déjà à mon futur, je me suis alors décidée à commencer une carrière dans la musique. A cette époque, le street live (ndlr : concert de rue) était populaire mais il n’y avait que des garçons qui en faisaient; je me suis donc lancée, dans plusieurs endroits comme Ômiya (quartier de Saitama et à Akihabara (quartier de Tokyo), au parc de Yoyogi et dans pas mal d’autres endroits.
ZY : Pourquoi avoir tenté l’aventure à l’étranger et en particulier en France ?
Y : C’est ma maison de production qui me l’a proposé; j’ai donc chanté en France pour la première fois à la Chibi Japan Expo puis à la Japan Expo Sud. Ensuite, je suis allée en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Si c’était à l’étranger, j’avais très envie de choisir l’Europe plutôt qu’un autre endroit. J’adore la réaction du public européen ainsi que la langue française. Je suis une grande fan d’Edith Piaf et de son « Hymne à l’Amour », mais comme c’est une chanson assez compliquée, je crois qu’il me serait difficile de la chanter. Sinon, les fans m’ont appris des petites chansonnettes pour enfants, c’est marrant. Je suis toujours ravie quand je vois tous mes fans qui me soutiennent sur Faceook. J’adore la France, je ressens son histoire à travers ses bâtiments, ses paysages m’apaisent. Comparé à ma vie stressante au Japon, j’adore l’atmosphère d’ici.
ZY : Tu es donc allée dans plusieurs endroits différents en France. Tu as une préférence pour une ville en particulier ?
Y : C’est vraiment difficile de choisir.
ZY : Es-tu une grande consommatrice de mangas et regardes-tu des animés régulièrement ?
Y : (Rires) En fait, quand j’étais petite je voulais devenir doubleuse, j’avais des posters dans ma chambre et mes parents s’inquiétaient à mon sujet. J’adore les animés comme Escaflowne et je lis beaucoup de mangas comme One Piece, Naruto, etc…En ce moment, j’ai un coup de coeur pour « Maid-Sama! » (1), et « Kimi ni Todoke » (2).
ZY : Tout à l’heure, tu parlais des fans européens : quelles différences y a-t-il par rapport au public japonais ?
Y : Les fans japonais sont principalement des hommes plus âgés à 99%, généralement des akibakei (3). Les fans français, c’est plutôt moitié-moitié : autant de filles que de garçons et plutôt des jeunes de 15 à 25 ans.
ZY : Donc forcément ton rapport avec tes fans est différent ? En France, on te voit plutôt comme une grande soeur et, au Japon, les fans ont peut-être une relation plus paternelle avec toi ?
Y : (Elle éclate de rire) C’est encore une fois assez difficile de répondre.
ZY : Tes plats préférés ?
Y : En France, j’adore le chocolat, les crêpes au Nutella. Sinon je raffole de la soupe miso (4), des ramens (5), des hamburgers et des patates douces.
ZY : Tes rêves pour le futur ?
Y : Je voudrais faire une tournée en France
en solo. Jusqu’à présent, je n’étais présente que dans des conventions pour un simple
concert ou pour ma tournée avec Sakura de notre groupe, les Jelly Beans. C’est quelque chose qui me tient à coeur. Mon activité principale reste ma carrière solo.
ZY : Et un prochain album ?
Y : Oui, je suis en train de demander conseil à mon boss, j’ai vraiment envie de faire quelque chose de bien et de savoir quel ton je vais donner à l’album.
ZY : Nous attendons ton deuxième album avec impatience. Tu veux transmettre un message dans tes chansons ?
Y : Je veux que tout le monde prenne du plaisir en les écoutant, bien qu’à l’étranger,
peu de gens me comprennent. De manière générale, je souhaite donner de l’énergie aux gens et les mettre de bonne humeur.
ZY : Yuuki en une chanson, ce serait laquelle ?
Y : Sans aucun doute : « Ichirin no Hana ». Je l’ai écrite quand j’avais 18 ans. Elle m’a toujours donné du courage et l’envie de continuer, même si j’ai dû changer plusieurs fois de maison de production avant de trouver la bonne. Cette chanson, c’est mon point de départ : je l’ai écrite dans une période de doute et c’est elle qui m’a permis d’avancer. De plus, je suis ravie qu’elle soit aussi très populaire auprès de mes fans japonais.
ZY : Et dans ton premier album ?
Y : « KAZE ». J’ai écrit cette chanson il y a deux ans et le Japon n’allait pas très bien économiquement; je voulais donner du courage à tous les Japonais.
ZY : En parlant de cela, le Japon traverse une grosse crise depuis le tremblement de terre du 11 mars, ton avis sur la question ?
Y : Je pense vraiment que le Japon tout seul ne pourra pas se relever mais avec le soutien et l’aide des gens de toutes nationalités, le Japon se reconstruira. Partout où je passe, je n’oublie jamais de faire une collecte pour les victimes de ce désastre.Selon le point de vue du Japon, le problème nucléaire n’est pas dangereux, mais quand on regarde à l’étranger, l’opinion est différente. J’ai reçu des messages d’encouragements et des messages dans lesquels l’on me demandait comment ma famille et moi nous allions, cela m’a beaucoup touchée, ils se faisaient beaucoup de souci.
ZY : Tes sentiments avant de rentrer sur scène ?
Y : Je suis d’un naturel assez timide, je suis assez mal à l’aise quand je parle à des gens pour la première fois
ZY : C’est vrai ? Ca ne se voit pas ! (rires)
Y : (rires) Aussi, je me demande souvent avant mes concerts si le public sera bien présent. Je stresse énormément. En France, au début dans les conventions, j’avais même peur de distribuer des flyers aux gens. La première fois que j’ai parlé en Français sur scène, je lisais mon papier, j’étais assez terrifiée mais une fois que j’ai vu le visage et la réaction des fans et que je commençais à chanter, je suis devenue une autre personne. Maintenant, quand un fan étranger vient me parler et que je ne le comprends pas, je lui dis clairement, chose qui m’était assez difficile avant. (rires)
ZY : Tes jours de repos, tu fais quoi ?
Y : En général, je loue des DVD ou je vais au cinéma. Je n’ai jamais vu de films français sauf « La Môme ». Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’adore Edith Piaf depuis qu’un ami en a interprété une chanson devant moi. Je lui ai alors demandé ce que c’était. Arrivée à la maison, je suis rentrée et j’ai vérifié sur Internet. J’étais en admiration. Sinon, je ne connais « Amélie Poulain » que de nom.
ZY : Tes loisirs ?
Y : J’adore faire du shopping, je vais souvent à Ueno et à Hara-juku (ndlr : des quartiers de Tokyo). J’apprécie beaucoup la marque OLIVEdesOLIVE. Je peux rester trois heures au même endroit quand je fais mes achats; mes amis, qui me trouvent trop lente, se moquent toujours de moi. J’aime aussi me promener en ville. Je vais souvent boire un coup avec mes amis chanteurs et pendant des heures, nous parlons de musique sans nous arrêter.
ZY : Tes endroits touristiques préférés en France ?
Y : Malheureusement, j’ai toujours un planning très serré et je ne visite presque jamais rien, j’aimerais énormément aller au musée du Louvre, voir la tombe d’Edith Piaf, retourner à DisneyLand Paris et si possible aller à Disney Studios ainsi qu’au Palais de Versailles.
ZY : Un dernier message pour tes fans français ?
Y : Oui : j’ai dans le futur très envie de faire encore plus de concerts et de participer à pleins d’événements en France, alors soutenez-moi !
ZY : Yuuki, merci beaucoup pour toutes ces informations te concernant. À très bientôt.
Y : Merciiiiiiiiii !
NOTES
(1) « Maid-Sama ! » (« Kaicho wa Maid-sama ! » en version originale) : un autre shôjô de Hiro Fujiwara, publié en France chez Pika Edition (8 volumes sur 12). La série est toujours en cours au Japon. Il existe aussi une adaptation animé de 26 épisodes (2010).
(2) « Kimi ni todoke » : un shôjô (manga pour les femmes) de Karuho Shiina (13 volumes en cours), publié en France chez Kana sous le nom de Sawako (8 volume parus à ce jour); décliné aussi en jeux vidéo sur Nintendo DS et deux séries d’animés, une en 2009 de 25 épisodes et une en 2011 de 13 épisodes.
(3) Akibakei : terme des années 80 désignant un groupe de gens, principalement des hommes vers la trentaine, qui ont fait de Akihabara (le quartier électronique de Tokyo) leur aire de jeux. Ils ont pour passion les mangas, les animés, les jeux vidéos, les idols et les maid cafés.
(4) Le miso est une pâte fermentée, salée, composée de grains de soja, de riz ou d’orge, de sel marin d’eau et d’autres ingrédients. Il peut servir de bouillon pour les ramens par exemple, être cuisiné en soupe ou bien en sauce.
(5) Les ramens sont des nouilles baignant dans un bouillon de différentes saveurs et agrémentées de différents aliments selon la recette. Naruto (le personnage du manga éponyme) en est d’ailleurs un grand fan.
Interview écrite, réalisée et traduite par Kokoro Yamamichi et Sébastien Pastor.