Une production Milkyway, c’est plus qu’un simple film, c’est une promesse, un gage de qualité, une véritable madeleine de Proust pur beurre pour tous les fanboys de film Hong-kongais. De la même manière, il y a quelques années en arrière avec la Film Workshop, Tsui Hark savait s’entourer des meilleurs et créer de véritables classiques encore inégalables à ce jour. Mais ceci est une autre histoire.
Law Wing-Cheong signe ici avec Punished, sa quatrième réalisation. Il est aussi le papa de l’assez sympathique « Running Out Of Time 2 » et de deux téléfilms sur l’univers de la section PTU (Police Tactical Unit (1)).
L’homme est un véritable touche-à-tout : à la fois monteur et réalisateur, c’est aussi un acteur de talent (notamment dans « The Sparrow », que je vous recommande chaudement).
Alors que nous réserve ce long métrage ? Si vous voulez le savoir, vous êtes assurément sur la bonne page.
Wong Ho-Chiu (Anthony Wong) est un homme à qui presque tout réussi : patron intraitable, malmenant ses employés et père de famille exigeant, il mène une vie luxueuse et sans grand problèmes, si ce n’est d’ordre familiaux.
Supportant mal le remariage de son père et son autorité étouffante, sa fille Janice Man, en pleine crise d’adolescence, planifie un voyage en Bolivie. Décision qui la poussera à partir subitement du domicile familial à la suite d’une énième dispute et scellera à jamais son destin en devenant la victime d’un kidnapping. L’a-t-elle commandité elle-même pour pouvoir payer sa consommation de drogue ? Ou quelqu’un est-il vraiment après la fortune de son père ?
L’entrée en matière ne nous laisse malheureusement aucun doute sur le sort qui a été réservé à la jolie demoiselle : une scène pesante où Anthony Wong découvre sa fille à moitié enterrée.
Ivre de vengeance, il finira à coup de pelle le suspect potentiel sur le lieu du crime et demandera alors à son bodyguard Chor (Richie Jen) de rechercher les vrais coupables afin de démêler cette sordide histoire. Mais cette chasse à l’homme arrivera-t-elle à épancher sa soif de vengeance ? Jusqu’où cette descente aux enfers va-t-elle l’emmener ? Et ne s’y brûlera-t-il pas plus les ailes ? La culpabilité ne le rongera-t-il pas ?
Vous l’aurez compris, Punished est un film assez sombre. Anthony Wong nous livre ici une prestation parfaite, complètement crédible dans son rôle de père rongé.
On est loin très loin de l’époque où ils enchainaient des « Categories 3″* (« Taxi Hunter », « Ebola Syndrome »), plus déjantés les uns que les autres. Le monsieur clamait d’ailleurs que John Woo était un mauvais réalisateur (cf. l’interview d’Anthony dans l’excellent HK Magazine).
Richie Jen ne démérite pas non plus en garde du corps sans pitié, prêt à tout pour satisfaire les désirs de son boss. Acteur pour midinettes spécialisé dans la comédie romantique, il a su, grâce à Johnnie To et à Dante Lam, prendre en consistance et devenir assez charismatique.
Il n’est pas aussi désagréable de revoir Charlie Cho (si si, souvenez-vous de Police Story 1 et 2) et d’admirer le joli minois de Janice Man.
Law Wing-Cheong nous tient en haleine grâce à son découpage et ses multiples flashbacks mais on ne peut s’empêcher de se poser quelques questions. Pourquoi Daisy déteste-t-elle autant son père ? Pourquoi Chor est-il prêt à tout pour son patron ? Pourquoi prend-t-il autant de risque pour lui ? Celles-ci restant bien sur sans réponses. Un peu plus d’explications sur la situation aurait été plus que souhaitable.
A défaut de proposer des gunfights à profusions ainsi qu’un rythme soutenu comme le film « Vengeance » (2), le réalisateur privilégie ici une ambiance pesante, un rythme assez lent et une violence intense, notamment lors de scène de torture. Le tout magnifiquement mis en valeur par une B.O. signée Guy Zerafa.
Punished est un film qui ne vous laissera pas indifférent grâce à un Anthony Wong impeccable, portant à lui tout seul le film sur ses épaules. Plaira-t-il à tout le monde ? J’en doute. Une chose est sure : fans des polars de la Milyway, jetez-y un coup d’oeil, vous ne serez certainement pas déçus !
Comme l’excellent « Beast Stalker » et « Connected », Punished refléterait-il une nouvelle tendance vers laquelle les histoires de « moles » (taupes) à la « Infernal Affairs » seraient remplacées de plus en plus souvent par des kidnappings dans les films HK ? C’est une hypothèse que soulevait un critique concernant ce film.
Le débat méritant réflexion, je vous laisserais donc méditer sur ses bonnes paroles. Sur ce, bon visionnage à tous.
(1) PTU est un film réalisé par Johnnie To en 2003, ayant connu un succès commercial et critique. La licence a aussi connu des suites sous formes de téléfilms ainsi qu’un deuxième long métrage.
(2) Une autre production Milkyway, réalisée par Johnny To, avec notre Johnny Hallyday national.