S’il y a un nom qui fait frémir de plaisir les fans de films d’action made in HK ces dernières années, c’est bien celui de Donnie Yen. Entre un Jackie Chan voulant briser son image de casse-cou rigolo et un Jet Li, certes impressionnant, mais assez peu charismatique à mon goût, Donnie est le diamant brut qui a su redonner, avec l’aide de Wilson Yip, un souffle nouveau à l’industrie. Beau gosse, bestial, toujours prêt à enlever sa chemise, distributeur automatique de mandales, tantôt réalisateur, tantôt chorégraphe et acteur.
La bête à plus d’un kick dans son pantalon. La meilleure preuve de sa renommée montante est qu’il vient de se faire offrir un rôle dans le film hollywoodien à venir « The Expandables 2 ».
Il s’allie cette fois dans « Legend of the Fist » à Mr Andrew « Informal Affair » Lau himself pour nous proposer un film qui a, je le pense vraiment, été très attendu par les fans, alors pétard mouillé ou franche réussite? Malheureusement ou heureusement, ce n’est ni l’un ni l’autre. Mais lisez plutôt la suite pour en savoir plus.
Chen Zhen, après avoir vengé son maitre Huo Yuanjia (empoisonné par les Japonais) s’élance en criant alors qu’au même moment un bruit de balle se fait entendre et le mot « Fin » s’affiche sur nos écrans. C’est sur ce postulat que nous a laissé le film de Bruce Lee. Révolté et la larme à l’oeil, on peut dire que « Fist of Fury » a été sans conteste un film qui m’a marqué ainsi que toute ma génération. Je me souviens l’avoir regardé en boucle avec mon père.
Quelques années plus tard, c’est Gordan Chan qui en tournera un remake de qualité, Jet Li y remplacera alors Mr Bruce pour un film excellent, plus politiquement correct et plus pacifiste, dans lequel notre héros ne pérît pas à la fin de la bobine. Il s’enfuira de Shanghai pour mieux continuer son combat. Donnie Yen apportera aussi sa modeste pierre à l’édifice en interprétant le personnage dans une série TV des années 90 de qualité moyenne.
L’histoire s’inscrit donc peu après le film réalisé par Gordon Chan. Chen Zhen est bien vivant et il lutte sur le front, aidant l’armée Française dans les tranchées à lutter contre les Nazis. Ayant mené sa mission à bien et non sans la perte d’êtres chers, il retourne en Chine sous une fausse identité, là où le mal sévit toujours, afin de reprendre du service. Infiltrant le milieu le jour, Chen Zhen revêt un costume tout en latex (hommage à Kato du « Frelon Vert ») pour « combattre l’injustice et sauver son pays dévasté » la nuit.
Si le scénario tient sur un ticket de métro, celui-ci n’est pas déplaisant, bien au contraire. La course contre la montre entre les Japonais et notre justicier étant d’ailleurs très distrayante.
Les diverses influences et hommages aux comics US et aux films de Bruce sont assez savoureux et l’idée de nous proposer un Chen Zhen « 2.0 », plus proche d’un justicier masqué américain que d’un héros typique de film de kungfu est assez amusante. En fait, on a par moment des bribes d' »Infernal Affairs » (avec les histoires de taupes), des bribes de films de kung fu traditionnel et des bribes de films de super héros; le tout se mélangeant assez bien.
Petit plus et histoire de faire baver son public féminin, vous pourrez profiter d’un Donnie Yen désapé se faisant torturer par des Japonais. Mr « j’ai choppé le melon » avait d’ailleurs refusé de se faire doubler car dixit « il n’avait pas trouvé de doublure en aussi bonne condition physique que lui ». Ah ce Donnie! Quelle générosité! Il veut donner à son public le meilleur et c’est aussi pour ça qu’on l’aime.
Quant aux combats un peu trop expéditifs certes mais qui font mal, la première scène défiant toutes les lois de la gravité est carrément géniale. Donnie ayant eu la bonne idée d’y ajouter des mouvements de freeride. Enchainant les parcours d’obstacles et techniques martiales, les combats sonnent juste. Le seul bémol est que le combat de fin manque de soin pour sa partie nunchakus et le boss final est trop trop vite expédié. On aurait aimé un final allongé de quelques bonnes minutes. Et c’est malheureusement là où le film, un bon popcorn movie en soit, aurait pu passer à un statut presque culte et rate malheureusement son tir de peu. Qui se souvient encore des vieux films de Jackie, Sammo et consort avec des scènes de combat finales dantesques. Avec tout le soin que l’équipe a apporté au film, une baston finale digne de se nom aurait été la bienvenue.
Au final, « Legend of the Fist » n’est pas la bombe annoncée mais n’en reste pas moins un film très divertissant, les scènes d’actions étant très réussies dans l’ensemble sauf la baston finale trop courte et le casting plutôt sympathique. Un Donnie Yen au dessous d’un « Ip Man » ou d’un « Flashpoint » mais un bon film quand même. Au vu de la production actuelle, il serait dommage de le bouder. Et puis Donnie en Kato, c’est la classe quand même.
Legend Of The Fist (2010)
Edité en France chez TF1 VIDEO en Blu-Ray et DVD
Réalisé par Andrew Lau Wai-Keung
Avec Donnie Yen, Shu QI, AnthonWong, Huang Bo
Caméos de Shawn Yue et Yasuaki Kurata