Mario et le roi Arthur ont un gros point commun : pas leur moustache mais le fait que l’un comme l’autre passe son temps à partir à la rescousse de sa dulcinée ! Ces satanées princesses n’ont pas leur pareil pour se foutre dans le pétrin !
Bon d’accord, lorsque c’est arrivé la première fois à Arthur (rappelez-vous c’était dans Ghosts’n Goblins), il faut admettre que le bougre l’avait bien cherché : il n’avait rien trouvé de mieux que de proposer à sa bourgeoise une petite balade romantique dans un cimetière infesté de morts-vivants. Oui, je sais, c’est ballot. Il avait connu les pires difficultés pour récupérer sa belle, devant passer la plupart de son temps en caleçon dans des endroits peu accueillants et ça lui avait bien servi de leçon. Juré, craché, les roucoulades dans les cimetières, c’était bel et bien terminé ! Et pourtant, trois ans après ce premier rendez-vous désastreux, les forces du mal se réveillèrent et vinrent carrément frapper à la porte du château de notre bon roi. Pas de bol, Arthur n’était pas là, et il a bien fallu se venger sur quelqu’un d’autre. Ainsi, tous les habitants du château furent exterminés. Arthur, inquiet de revoir les félons se repointer dans les parages, se précipita vers son château et fut soulagé de voir que la princesse n’avait pas été une nouvelle fois enlevée… Manque de bol, voilà qu’un rayon démoniaque lancé par le diable Loki s’abat subitement sur la princesse et sur le cheval d’Arthur ! Ce crime ne peut décemment pas rester impuni ! C’était un si gentil cheval ! La bonne nouvelle ? L’âme de sa bien aimée peut encore être sauvée. Il suffit pour cela de se rendre aux enfers et de la reprendre à Loki. En moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, Arthur se lance dans une nouvelle épopée périlleuse et quoi de mieux pour débuter son terrible périple vers l’enfer qu’un bon vieux cimetière ? Ah quel incorrigible romantique ce roi Arthur !
N’ayons pas peur des mots : derrière ce récit hautement psychologique, aux rebondissements dignes de 24h Chrono, se cache l’un des plus grands jeux de tous les temps. Et pourtant, peut-on faire plus simple que le gameplay de Ghouls ‘n Ghosts ? Pour les profanes, il s’agit d’un jeu de plateforme/action à scrolling horizontal et vertical. Deux simples touches suffisent à contrôler Arthur, l’une pour tirer, l’autre pour sauter. C’est plus qu’il n’en faut pour combattre le diable et sa clique. Car Arthur est plus proche de Rambo que de Rimbaud mais lui n’a nul besoin d’un Colonel pour partir à la guerre ! Tout ce qu’il lui faut, c’est une bonne vieille armure et quelques armes à sa disposition. Ni plus, ni moins !
Composé de cinq niveaux, le joueur n’aura droit qu’à un seul et unique check point au milieu de chacun d’entre eux. Et peu importe si l’on perd au boss de fin de niveau, il faudra bien se retaper tout le chemin pour pouvoir retenter sa chance ! Voilà ce qu’on appelle du bon « Die and retry » ! Arthur passera donc beaucoup de temps dans des tableaux finalement assez courts et cela permettra de mieux admirer les paysages aussi variés qu’inspirés.
Avant d’atteindre sa belle, notre preux chevalier devra bien entendu dézinguer du zombie à tout va mais également des vautours affamés, des chauves-souris enflammées et autres monstres venus des enfers et qui ne demandent qu’à y retourner. A noter que Firebrand, le diablotin rouge symbole du premier épisode, fait son grand come back et qu’il est toujours aussi difficile à éliminer ! Une vraie petite anguille ! Firebrand était si charismatique qu’il devint même par la suite le héros de sa propre série, l’épatante trilogie des Gargoyle’s Quest. Il connut une autre consécration en apparaissant comme personnage jouable du jeu de baston SNK vs Capcom. Il s’agissait d’un personnage ultra puissant et bien difficile à vaincre… On a une réputation à défendre ou on n’en a pas ! Sacré petit Firebrand, il en viendrait même à éclipser les énormes boss de fins de niveaux ! Car Loki pourra compter sur ses meilleurs éléments pour freiner Arthur dans son aventure comme le Cerbère enflammé, l’horrible ver géant mais également la météo… euh, je veux dire le nuage cyclope.
Enfin, dit comme ça, ça a l’air simple mais vous allez vite vous rendre compte que la tache est loin d’être aisée. Jeu d’arcade oblige, Ghouls ‘n Ghosts est un jeu à la difficulté harassante. Le but des concepteurs du jeu était de faire perdre de nombreux crédits aux joueurs et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet objectif est remporté haut la main ! Pourtant, ce second opus se révèle bien plus abordable que le premier, sans doute grâce à une maniabilité plus souple ainsi que quelques capacités supplémentaires. Pour commencer, Arthur peut désormais tirer vers le haut et vers le bas, ce qui n’a l’air de rien comme ça mais qui suffit pourtant à révolutionner le gameplay de la série ! A noter que sa suite sur Super Nintendo ne conservera curieusement pas ces nouvelles capacités.
Côté défense, un seul coup suffit toujours à nos ennemis pour faire sauter l’armure d’Arthur qui se retrouve alors vêtu de son seul caleçon à coeurs. Un second coup et c’est la mort assurée… Mais Arthur a la possibilité de découvrir une nouvelle armure cachée dans un coffre et retrouver sa dignité en plus d’une nouvelle précieuse protection. En réalité, ces coffres peuvent renfermer de belles choses comme de nouvelles armes mais peuvent également libérer un magicien démoniaque qui n’a rien de mieux à faire que de lancer un sort à notre vaillant roi ! Si le sort le touche alors qu’il est en armure, il sera transformé en vilain petit canard pendant quelques précieuses secondes. Si le sort l’atteint alors qu’il n’est qu’en caleçon Arthur est alors métamorphosé en un vieillard lent et boiteux ! Mais dans le meilleur des cas, il y découvrira une précieuse armure d’or qui remplacera sa vieille armure en fer blanc ! Bien qu’elle ne soit pas plus résistante que cette dernière, elle permet de lancer un sort magique dévastateur et différent selon l’arme qui est en sa possession. Ainsi, Arthur pourra déclencher la foudre, invoquer un dragon, provoquer un mini séisme ou encore invoquer un double bien pratique !
En parlant d’arsenal, de quoi dispose Arthur pour défier ses ennemis ? Tout comme dans le premier, l’arme de base est la lance. Plutôt rapide et puissante, cette arme est finalement l’une des meilleures. Arthur peut néanmoins l’échanger avec une autre arme qui pourra se révéler plus pratique selon les ennemis et les niveaux. La flamme (bleue… attention le gaz a encore augmenté !) n’a pas une portée bien grande mais peut s’avérer utile si l’on veut balayer des ennemis à la queue leu leu. Peu pratique, elle l’est tout de même plus que l’ignoble épée qui ne peut même pas être lancée ! Cette dernière a une portée extrêmement réduite et ne se révèle pas beaucoup plus puissante que les autres armes. Fuyez-la comme la peste ! Le bouclier à pointes est par contre bien sympathique et glisse même sur le sol. Sa cadence de tir n’est pourtant pas assez élevée pour en faire l’arme ultime du jeu. Comme dans Ghosts ‘n Goblins, la meilleure option sera le poignard dont le débit rapide ne sera pas de trop pour éliminer les vagues d’ennemis qui déferlent un peu partout à l’écran. En réalité, il existe une autre arme, la seule qui pourrait permettre à notre bon roi en croisade d’éliminer Loki une bonne fois pour toute : il s’agit d’une énorme boule de feu (encore bleue ??? diantre, la note va être salée !) à la puissance dévastatrice. Seule sa portée un peu légère peut se révéler handicapante parfois. Seulement voilà, cette arme fatale ne sera pas facile à obtenir puisqu’il faudra auparavant finir une première fois les cinq niveaux qui composent le jeu. Comment ça « une première fois » ??? Tout comme son diabolique ainé, il faudra compléter deux fois le jeu pour en voir le bout ! C’est le prix qu’il faudra payer afin de pouvoir sauver sa dulcinée des griffes de l’ignoble Loki ! Et comme si ça n’était pas suffisant, la difficulté se révèle accrue lors du second run ! Heureusement, grâce à l’arme fatale et à votre expérience chèrement acquise lors du premier run, vous devriez pouvoir mener Arthur bien plus rapidement jusqu’aux portes des enfers. Et si le courage vous manque, n’oubliez pas que Loki a tué votre cheval. Le fumier !
Un mot maintenant sur les diverses adaptations qui sont sorties à l’époque. Car si l’original est sorti en Arcade sur le célèbre système 1 de Capcom (le CPS-1), ce hit connut une flopée d’adaptations avec plus ou moins de bonheur. Le tristement célèbre éditeur US Gold réalisa les versions pour les nombreux ordinateurs de l’époque. Sans être catastrophiques, elles étaient loin d’exploiter les pleines capacités de ces machines. Pour ma part, je possédais la version Amstrad CPC 6128 et, si j’avais bien du mal à reconnaître Arthur, ça ne m’empêchait pas d’y trouver largement mon compte.
La version la plus célèbre (et peut-être la plus jouée) fut signée Sega sur sa mythique console Megadrive. Sega n’en était pas à son coup d’essai puisqu’ils avaient signé peu avant une sublime conversion du jeu Strider, tiré encore une fois d’un jeu Arcade de Capcom. Cette fois encore, l’adaptation exploitait plutôt bien les capacités de la 16 bits de Sega. Bien que des concessions furent faites par rapport à la version Arcade (décors moins détaillés, animation des magiciens simplifiée…), impossible de nier la réussite de cette adaptation. A noter que cette version avait un mode « facile », proposant malgré tout une difficulté toujours largement au-dessus de la moyenne.
Pourtant, aux yeux de beaucoup, la meilleure de toutes les adaptations se trouvait sur la Supergrafx de Nec ! Vous savez, cette console 16 bits qui ne connut que 5 jeux dans sa logithèque (heureusement qu’elle était retro compatible avec les nombreux jeux de la PC-Engine). Il est vrai que c’était la plus proche de la version arcade et ceci, malgré une palette de couleurs bien moins fournie que sur Megadrive. Bref, une chose était certaine : les versions consoles explosaient les versions Micro et seule une personne de mauvaise foi aurait pu affirmer le contraire.
Par la suite, le jeu sortit dans diverses compilations pour PSOne, PS2 ou même Xbox. Mais il ne s’agissait plus simplement que d’une rom avec un émulateur et non d’une conversion complète pour les supports. Moins glamour, moins méritant, mais forcément plus proche que jamais de l’original.
Malgré le poids des ans, Ghouls ‘n Ghosts n’a pas vieilli et se révèle toujours aussi incontournable. Le chef d’oeuvre de Capcom ne se contente pas de proposer un gameplay parfaitement calibré puisqu’il est également techniquement époustouflant. Graphiquement il est toujours aussi agréable à voir et le bond après le premier épisode, pourtant impressionnant à l’époque de sa sortie, est colossal ! Et que dire de cette fabuleuse bande son aux mélodies mémorables et envoutantes ! La plus célèbre est bien entendu celle du cimetière que l’on retrouve dans tous les épisodes de la saga (et même dans le jeu Maximo sur PS2, adaptation 3D non avouée des aventures d’Arthur). Culte et tout simplement indémodable. Mais les autres ne sont pas en reste, avec une mention spéciale pour la musique du second niveau. Si le jeu n’est pas à mettre dans toutes les mains (il est fortement déconseillé aux impatients, petits joueurs et autres cardiaques), cette pierre angulaire du jeu vidéo se doit d’être jouée et rejouée par tout bon gamer qui se respecte. Ce sera un bon échauffement avant d’enchaîner avec ses deux suites : Super Ghouls ‘n Ghosts (sur Super Nintendo) et Ultimate Ghosts ‘n Goblins (sublime suite sur PSP).
Nous remercions notre ami Gilles de nous avoir permis de poster son article sur notre site. Retrouvez l’article original sur son blog http://indianagilles.over-blog.com.