La sortie du second album de Haruka to Miyuki (ハルカトミユキ), en pleine période estivale traditionnellement calme en actualité, mérite que l’on s’y attarde plus longuement.
Depuis Cyanotype (シアノタイプ), leur premier opus paru en 2013, le groupe n’a pas chômé, voyez par vous-même : 3 E.P., un album live, un single mensuel en dématérialisé en 2015 et début 2016, sans oublier le DVD des sessions live SCHOOL OF LOCK!.
Pendant tout ce temps, Zero Yen a suivi leur évolution et on peut dire qu’elles ont bien grandi nos deux demoiselles originaires de Tokyo : plus affirmées sur scène mais aussi plus sûres dans leurs orientations musicales. Elles ont expérimenté, mélangé les genres (du rock à la pop, en passant par l’électro ou encore le folk) et on peut dire que ça leur a réussi. Et voilà que, plus de 2 ans de demi plus tard, débarque leur deuxième galette intitulée LOVELESS/ARTLESS que l’on peut appeler avec confiance l’album de la maturité.
Contrairement à Cyanotype, cette critique est plus un avis à chaud, l’opus n’étant disponible que depuis mardi dernier au Japon et fraîchement arrivé entre mes petits doigts boudinés ce week-end (merci Japan Post pour sa rapidité !). Mais trêve de bavardages et place à une opinion en bonne et due forme.
Le packaging
Selon la version choisie, vous hériterez d’un beau digipak contenant CD et DVD bonus (édition limitée) ou bien d’une boîte classique (édition simple). Disons le tout de suite : si vous aimez l’univers de Haruka to Miyuki, l’achat de la version CD+DVD s’impose comme une évidence. Bien que plus chère (4000 Yen contre 2600), vous trouverez sur le DVD l’intégralité des lyric videos sorties depuis le mini-album Sekai (世界), soit quasiment une heure de clips. Avouons que Sony Music Associated Records ne se fiche pas de nous sur ce coup-là !
Le livret est aussi différent : sur l’édition simple, il est classique et agrafé alors qu’il se présente sous la forme d’un dépliant dans l’édition limitée. Y figurent également quelques photos distinctes. Une petite touche sympathique qui fait toujours plaisir lorsque l’on se procure les deux versions.
L’album piste par piste
Cette fois-ci, le duo nous offre 10 titres dont 8 inédits ! En effet, elles ont choisi de ne pas inclure ici les singles mensuels et seulement les deux plus récents, Kiseki wo Inoru Koto wa Mou Shinai (奇跡を祈ることはもうしない) et DRAG & HUG. De toute façon, ces fameux monthly singles sont présents sur le DVD de l’édition limitée pour ceux qui souhaitent les posséder. Une bonne chose qui renforce le plaisir de la découverte.
Comme toujours, les morceaux ont été composés conjointement par Haruka et Miyuki et les paroles signées de main de maître par Haruka (qui écrit aussi des tanka par ailleurs). « On ne change pas une équipe qui gagne », comme dit l’adage !
Pour écouter un sample de 40 secondes de chaque titre, rendez-vous sur cette page de CD Japan.
1. Hikare (光れ)
L’album commence avec ce morceau pop/rock bien rythmé. Bien que relativement classique, son refrain est très accrocheur et il nous met tout de suite dans l’ambiance avec une Haruka à la voix impeccable. Mention spéciale pour le petit riff de piano joliment produit et intégré en boucle en toile de fond pendant une bonne partie de la chanson et qui la conclut de fort belle manière.
2. DRAG & HUG
Dès le second titre, les filles nous plongent dans une chanson 100% rock ! Rythme endiablé (cette batterie rapide et percutante, wow !), des guitares dans tous les sens, DRAG & HUG représente ce qu’elles savent faire de mieux dans ce genre. Ce n’est pas étonnant que ce titre ait été choisi comme 2e single juste avant la sortie de LOVELESS/ARTLESS. Très très catchy, elle vous restera en tête de longues heures après son écoute et je n’ose imaginer son rendu en concert… Au top !
3. Kiseki wo Inoru Koto wa Mou Shinai (奇跡を祈ることはもうしない)
On ralentit un peu la cadence ici. On est en présence d’une belle ballade pop/rock mid-tempo avec un refrain entêtant. La répétition des mots au début des couplets (愛して/ 愛して/ 愛して, aishite/aishite/aishite) lui donne d’ailleurs une identité propre. L’orchestration est juste superbe et le titre est extrêmement bien produit : on y retrouve une certaine dimension symphonique surprenante mais bienvenue. Encore du beau boulot !
https://www.youtube.com/watch?v=9yb7a6-jkSw
4. Pain
Autre morceau dans la mouvance pop/rock, on peut y entendre de belles guitares et harmonies de Haruka. Un petit peu trop classique à mon goût, il n’en reste pas moins efficace. C’est peut-être le titre le plus faible de l’album en terme d’originalité. Il s’écoute toutefois sans déplaisir mais ne restera pas dans les annales.
5. & 6. Are you ready? & Miru Mae ni Odore (見る前に踊れ)
Je me permets de regrouper Are you ready? et Miru Mae ni Odore car le premier est tout simplement l’intro du deuxième ! Ces deux chansons inaugurent la partie électro de LOVELESS/ARTLESS : des synthés à foison (merci Miyuki !) et un tempo qui tape dans le plus pur style EDM. On retrouve ici le mélange des genres dont je faisais référence en tout début d’article. Ce style leur sied parfaitement et je dois avouer que j’ai un très gros faible pour ces deux morceaux. Deux petits bijoux ! Et cerise sur le gâteau, tout le début de Are you ready? est constitué de paroles dans la langue de Shakespeare. En voilà une bonne idée mademoiselle Haruka !
7. Tokyo Utopia (トーキョー・ユートピア)
Excusez-moi chers lecteurs mais voici le titre qui me fait totalement craquer ! Tokyo Utopia poursuit le trip électro-pop du groupe pour 4 minutes supplémentaires et bon sang que c’est bon ! Cette chanson est un concentré pur jus des années 1980 à 200% (avec une touche d’influence orientale dans ses notes !) et possède clairement la patte de Miyuki : des synthés variés et rythmés, une ligne de basse d’enfer (celle du pont me donne encore des frissons rien que de l’évoquer !) et un rythme en deux temps typique de cette décennie. Et que dire de la voix cristalline de Haruka ! Il n’aurait pas démérité aux côtés des plus gros hits des groupes de l’époque. Un sans-faute qui est très clairement mon morceau fétiche de cette nouvelle galette et qui donne une furieuse envie de danser ! Tokyo Utopia va faire un malheur en live, c’est certain !
8. Eien no Temae (永遠の手前)
Eien no Temae rappelle fortement les premiers titres du groupe comme Vanilla. On y ressent un peu la même vibe en l’écoutant. C’est un morceau plutôt calme mais avec son lot de guitares et une basse très présente et appuyée. Un titre propre et sans bavure, que l’on apprécie mais qu’on aurait tendance à trouver un peu trop sage. Il méritait peut-être un peu plus de folie.
9. you
Voici la chanson acoustique par excellence de l’album. Un peu nostalgique dans son interprétation, la majorité du titre est seulement composée de la voix d’Haruka, d’une guitare sèche et de quelques notes de synthés très discrètes en fond sonore. Ce n’est que dans le dernier tiers de you que viennent se rajouter la batterie, la basse et une guitare supplémentaire. Le tout est rondement mené et plaisant à écouter.
10. Yoake no Tsuki (夜明けの月)
Dernière piste de ce 2e opus, Yoake no Tsuki me fait penser par moment à Sono Hi ga Kitara (その日がきたら), titre extrait de l’E.P. Sonna Koto Dou Datte Ii, Kono Uta wo Kimi ga Suki da to Itte Kuretara. (そんなことどうだっていい、この歌を君が好きだと言ってくれたら。) mais dans un registre plus calme. Beaucoup de douceur, une dominance de piano acoustique, de bien belles vocalises d’Haruka (quelle pureté dans son timbre de voix les amis !), elle referme l’album magnifiquement bien.
Verdict : j’achète !
Près de 3 ans après Cyanotype, Haruka to Miyuki persistent et signent un deuxième album mature à la croisée de leurs genres fétiches. Symbiose parfaite du partenariat musical de deux vraies artistes et amies, il mérite de figurer dans votre discothèque si vous aimez un tant soit peu la musique japonaise d’aujourd’hui (et si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est sûrement le cas !). J’ajouterais toutefois que l’ensemble est malheureusement trop court avec seulement 37 minutes de musique au compteur.
Je n’ai pas honte de l’avouer : Haruka et Miyuki ont volé mon cœur depuis quelques années et s’imposent comme une bouffée d’air frais dans une pop japonaise engluée dans les idols et autres johnnies sans âmes. Elles continuent avec brio leur petit bout de chemin entamé en 2012 et j’espère sincèrement qu’elles progresseront vers plus de célébrité et de reconnaissance parmi leurs pairs.
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