Vous avez sans doute entendu parler de cette célèbre convention japonaise dédiée à la culture visuelle amateur. Je vous propose ici un petit rapport de terrain de mon premier Comiket. Ready ? Fight ! (Il n’y a pas d’autres mots)
Le Comic Market de son nom complet est le plus gros événement mondial sur le manga et la japanimation au sens large en termes de surface et de fréquentation. Il s’étend sur près de 230 000 m² et regroupe en moyenne 590 000 personnes sur 3 jours l’été. Il y en a deux par an depuis 1975 : un à la mi-août, il s’agit du plus important et célèbre et un courant décembre. Dans les deux cas, il requiert d’affronter les 2 extrêmes du climat japonais avec une cuisson à l’étouffée l’été et des températures avoisinant 0°C l’hiver; ainsi qu’une foule totalement hallucinante à tout moment, ce qui ferait presque passer le festival Japan Expo Paris pour une promenade au parc un dimanche matin.
Comme son nom l’indique le Comiket est un marché consacré au manga, mais attention, on n’y trouve pas n’importe quoi : vous ne pourrez y acheter que des produits dôjin c’est-à-dire amateurs, circulant par conséquent hors du circuit professionnel. Il s’agit essentiellement de dôjinshi (sorte de mangas sous forme de livrets assez fins) mais aussi de logiciels, CD, livres, badges, etc. Il n’y a donc rien d’officiel. La convention réunit au même endroit plus de 35 000 cercles d’auteurs amateurs venus à la rencontre de leur public. Le mot d’ordre est de célébrer l’étendue de cette culture et ce, quel que soit le contenu et les frontières. C’est cet esprit qui est mis en avant.
Ne vous attendez cependant pas à voir des projections, conférences ou autres activités ici car nous ne sommes pas dans une convention européenne. Vous ne trouverez qu’un gigantesque marché tentaculaire s’étendant sur 8 halls. En fait, malgré la surface, il y a tellement d’auteurs et de cercles que l’organisation est obligée de les faire tourner sur les 3 jours. Chaque jour est donc différent du précédent car le contenu diffère complètement donnant naissance à des journées à thème. Ainsi, généralement il y a un jour destiné au grand public, un pour le yaoi et un réservé au hentai.
Le Comiket est aussi célèbre pour son cosplay. La plupart des zones à l’extérieur des halls accueille de nombreux passionnés se costumant en n’importe quoi (tant que cela reste dans l’esprit de l’événement) et prenant la pose dès que quelqu’un souhaite les photographier. Enfin, il y a quand même quelques professionnels à l’écart dans un espace à l’étage, mais ils sponsorisent ou promeuvent activement cette culture du dôjinshi.
Dans cet enfer de monde et de choix, il est évidemment crucial de s’organiser à l’avance et de planifier sa visite méthodiquement. Dans ce but, il existe le célèbre catalogue du Comiket qui liste tous les cercles présents et fournit toutes les informations nécessaires. Il sort dans toutes les librairies d’Akiba un mois avant l’événement et propose des cartes détachables pour préparer son parcours.
Voilà, vous savez l’essentiel sur cette manifestation quelque peu unique en son genre.
Je vais aborder maintenant mon expérience sur le terrain, le dimanche 16 août, jour du Hentai.
Dans l’ambiance dès la sortie du train
Arrivé sur l’île d’Odaiba vers 10h15 peu après l’ouverture du festival, je me dirige vers le Tokyo Big Sight où a lieu celui-ci en passant devant les marchands opportunistes propres à ce genre de manifestations. Une fois sur place, miracle, il n’y pas de files d’attente pour entrer dans le parc, ce qui est une sacrée chance.
Vite vite, je marche jusqu’au hall aux dôjins (car courir ou même marcher dans les escalators est strictement interdit). Une fois arrivé aux halls où se trouvent les ¾ de la production, il est temps d’attaquer les cercles prioritaires, les plus connus, pour être sûr d’avoir ce qu’il faut avant que les stocks ne s’écoulent complètement. Tous les gros sont situés en périphérie, contre les murs ; de cette manière les parfois (très) longues queues peuvent être placées dehors. Une chose est amusante à voir : ce sont des rangées de gens avec la main levée en train de passer en force dans la marée de visiteurs. Loin d’être des idiots en train de pratiquer un jeu étrange, il s’agit en fait de files d’attente déplacées par l’organisation car elles sont devenues interminables.
Il est assez plaisant de constater que la plupart des gros cercles proposent des packs tout prêts de leur productions récentes avec des beaux sacs, des éventails et même souvent des objets exclusifs à cette édition.
Un autre aspect simplement génial : certains auteurs deviennent souvent pros et célèbres, surtout dans le domaine du hentai; et lors du Comiket ils ne peuvent pas vendre leur production officielle mais seulement leurs dôjins. Ils sont donc souvent là un peu incognitos à proposer des ouvrages pas spécialement renommés. Du coup, j’ai pu rencontrer et obtenir une dédicace de Nozomu Tamaki, connu internationalement pour Dance in the Vampire Bund. Et le plus amusant c’est que le stand était désert. Les gens étaient plus présents pour des dôjins réputés et non pas pour les auteurs professionnels. De la même façon, il était simplissime d’accéder à d’autres pointures comme par exemple Keito Kôme, auteur du manga du Spice and Wolf entre autres.
Ce reportage au coeur du Comiket est divisé en deux parties, vous pourrez retrouver la suite au début de la semaine prochaine. Merci de nous suivre.
2 commentaires
dimanche, c’est pas le jour du hentai, il y en a toujours.
Le dimanche, c’est principalement le jour où expose des pro comme les animateurs & des mangaka. C’est ce jour qu’on peut chopper le plus de doujin par eux.
ils sont pas si incognito, ils font quand même leur pub sur twitter & écrivent leur nom dans le catalogue ^^;
[Commentaire édité par le modérateur]
Merci pour ton commentaire. Effectivement Dimanche n’est pas officiellement le jour du Hentai, il n’y a pas de thème officiellement communiqué par Jour. Cependant, si tu y a été ou si tu regarde le catalogue, 90% des stands dans les halls 1-6 (à l’est donc) étaient du hentai uniquement. De même, samedi, une proportion similaire était du Yaoi!
Ce ne sont peut-être pas des journées officielles mais il y a quand même une forte influence.
Pour ce qui est des auteurs tu as raison ils ne sont pas incognito, il faut cependant arriver à les trouver!
Pour reprendre l’exemple de l’article avec Nozomu Tamaki et Keito Koume:
– Nozomu Tamaki est dans le catalogue sous son propre nom mais il faut connaitre ses kanji pour le trouver dans l’index. Moi j’ai eu de la chance j’ai trouvé son image par hasard.
– Pour Koume Keito, c’était plus dur: Il était là uniquement sous le nom de son cercle et il fallait le connaitre pour le trouver dans l’index…