Deuxième partie du dossier consacré au déclin du jeu vidéo japonais, intéressons-nous cette semaine à la situation actuelle avec les consoles Wii, DS, Playstation 3 et Xbox 360.
Le Présent
La génération de consoles actuelle débute avec Microsoft essayant de damner le pion à ses concurrents. Malgré un démarrage en demi-teinte dans la majeure partie de l’Europe et carrément décevant au Japon, la console Xbox 360 devient rapidement un large succès aux États-Unis et au Royaume-Uni. La Xbox première du nom ayant rencontré une grande réussite dans ces mêmes pays : sa ludothèque adaptée et la série Halo ayant conquis le public anglo-saxon.
Sortie un an plus tard (en 2006), la Playstation 3 quant à elle, accumule les erreurs au démarrage et est vendue bien trop chère comparée à la 360 qui coute 200$ de moins. Un lancement retardé en Europe et le manque de gros titres convaincants confirme un début mitigé. Après de nombreuses baisses de prix et la bonne image de la marque en Europe continentale et au Japon, la console va enfin revenir, 5 ans après, au coude-à-coude avec Microsoft. Ce dernier garde pourtant une marge d’avance confortable dans son pays d’origine qui constitue la plus grosse part du marché mondial.
Le retour du roi
Nintendo surprend et innove avec deux nouvelles consoles, la Wii et la DS. Bien qu’inférieures techniquement à la concurrence, elles offrent une nouvelle manière de jouer :
– la DS, grâce à un second écran tactile qui fait de cette portable le gros carton de cette génération. Elle permet aussi de toucher un public plus âgé avec Dr Kawashima ou féminin avec Nintendogs. Ironiquement, cette nouvelle audience était à l’origine un moyen de retrouver une nouvelle « jeunesse » vidéo-ludique au Japon où la clientèle habituelle de gamers s’érodait.
– la Wii, avec Wii Sports ou Wii Fit, offre une nouvelle manière de jouer plus physique et conviviale avec la Wiimote, manette reconnaissant les mouvements grâce à des gyroscopes intégrés.
Grand succès auprès des familles, elle n’offre que des jeux à peine graphiquement supérieurs à la Gamecube : cette scission entre ce nouveau grand public (dit « casual ») et l’ancien public « gamer » constitue le tournant de cette génération.
Plus que des améliorations techniques ou visuelles avec la HD ou le Blu-Ray, cette innovation en terme de gameplay apporte une victoire méritée à Nintendo qui retrouve enfin la première place. Mais le retour du pionnier japonais éclipse les problèmes des autres éditeurs.
Les 3 Grands
Fusionné à Enix depuis la génération précédente, Square peine à sortir autant de gros titres qu’à l’époque des SNES et PS1. Final Fantasy XIII arrive tardivement et rencontre un résultat critique mitigé dû à sa maniabilité beaucoup trop dirigiste. Les ventes s’avèrent malgré tout bonnes, comme celles du tout dernier Dragon Quest IX.
Mais sa tentative de percer le marché online s’avère relativement limitée : la réussite de Final Fantasy XI est bien loin d’égaler celle de World of Warcraft. De plus, Final Fantasy XIV se révèle être un véritable échec.
De son coté, Konami peine à réitérer le triomphe des deux générations précédentes. Sa plus grosse série, Metal Gear Solid subit la concurrence d’autres séries comme Splinter Cell. Son dernier opus Playstation voit surtout la disparition de son héros fétiche et marque ainsi la fin de la saga.
Pro Evolution Soccer, grande réussite commerciale, voit ses ventes grignotées années après années par le grand rival FIFA. Leur deux autres séries emblématiques, Suikoden et Silent Hill, accusent aussi le coup. Elles ne sont que des succès critiques à défaut de faire d’énormes ventes. Suikoden ne sera pas relancé sur console next-gen après avoir perdu de sa superbe sur
PS2. Quant à Silent Hill, l’équipe originale a été dissoute et l’avenir de la série se joue dorénavant en dehors du Japon.
De plus en plus, les licences nippones sont confiées à des développeurs occidentaux.
Ce qui nous amène au cas de Capcom. Considéré comme le moins japonais des éditeurs, il a récemment confié le remake de Devil May Cry et un Resident Evil Online aux équipes anglaises de Ninja Theory.
Fort habile pour inventer des franchises capables de plaire au public occidental, il crée pour cette génération Dead Rising et Lost Planet. Même s’ils sont bien loin d’égaler la popularité de Resident Evil ou Street Fighter, ces titres permettent un renouvellement de son catalogue. Les zombies sont d’ailleurs de retour dans un cinquième opus qui connaît de bonnes ventes mais est considéré en deçà des attentes. Offrant peu d’évolutions par rapport à son prédécesseur, son gameplay est considéré comme rigide et archaïque. Street Fighter profite d’une renaissance avec la sortie d’un quatrième épisode qui relance le succès des jeux de combats en 2D. Il donne aussi lieu à de nombreux autres jeux de combats signés Capcom sur les nouvelles machines.
Ainsi seul Capcom a su se renouveler, réactualiser certaines de ses franchises (mais pas toutes) et se développer en Occident. On peut affirmer qu’il est véritablement resté un acteur majeur parmi les éditeurs tiers.
En s’adressant à un nouveau public tout en poursuivant ses franchises, Nintendo devient le constructeur majeur de cette génération. Les excellents épisodes de ses séries tels Super Mario Galaxy ou Zelda Twilight Princess confirment d’ailleurs ce statut. Mais pour combien de temps ?
Rendez-vous la semaine prochaine pour la troisième et dernière partie de ce dossier. À ne rater sous aucun prétexte !