Les éditions Komikku frappent très très fort avec la sortie de Reversible Man dans nos vertes contrées. L’auteur (Nakatani D.) signe ici un manga hallucinant, incroyablement gore et ô combien jouissif. Si vous êtes plutôt fleur bleue et amateur de shôjo, autant vous le dire : passez votre chemin car ça va saigner !
Dessin /Scénario : Nakatani D.
Genre : Suspense, Horreur
Type : Seinen
Éditeur : Komikku Editions
Éditeur japonais : Nihon Bungeisha
Date de sortie : 27 mars 2014
Nombre de tomes VF : 1/3 (en cours)
Nombre de tomes VO : 2/3 (en cours)
À Tôkyô, une série de cadavres mutilés sont retrouvés dans les rues. Épidémie, trafic d’organes, légende urbaine… rien ne va plus. Après quelques pages d’introduction, nous nous retrouvons plongés dans les bas-fonds de Kabuki-Cho où une bande de petites frappes fera malheureusement une rencontre peu fortuite. Celle de notre héroïne Runa Kitahara. Serait-elle la fameuse fille recouverte de vulves dont parle la rumeur ? Et bien non ! Ne soyez pas déçu, cher lecteur, car cette dernière a quand même des cicatrices plein le corps servant à dissimuler des armes. Yummy !
Et croyez-moi elle est bien décidée à retrouver l’assassin de sa sœur par tous les moyens, je dis bien tous ! Cette soif de vengeance l’entraînera avec Roku (un yakuza pourvu d’une coiffure impeccable qui n’a rien à envier aux hosts de l’archipel) dans une affaire bien plus sordide qu’il n’y paraît et lèvera le voile sur les fameux retournés.
Dès les premières pages, le ton est donné. On va en prendre plein les yeux pour pas un rond. Ça tombe bien, on aime ça chez Zero Yen. Corps mutilés, gerbes de sang, parties génitales arrachées… Vous les voulez comment vos rognons ? Tranchés à l’arc ? Ou dégommés au flingue ? Runa s’en occupera pour vous. Bref vous l’aurez compris, notre mangaka n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Notre héroïne, d’ailleurs, semble être tout droit inspirée du film de série Z The Machine Girl de par sa tenue (un joli petit uniforme d’écolière) ou de par sa quête vengeresse. Malgré ses cicatrices apparentes, elle n’en reste pas moins sexy et attachante (si, si !) et sera d’ailleurs dotée d’une fermeture à glissière anatomique qui lui facilitera bien la tâche. Elle n’est pas belle la vie ?
Les retournés, quant à eux, sont des êtres humains victimes d’un mal étrange. Ayant réprimé leurs sentiments, frustrés, stressés, mis à l’écart de la société, ils subissent une répugnante et étonnante transformation les dotant d’une force surhumaine, d’une incapacité à maîtriser leurs émotions et leurs pulsions sexuelles. L’auteur se paye donc par la même occasion une petite critique de la société japonaise. Si vous voulez épouser une jolie petite nippone, arrêtez les hentai et soyez docteur ! Ne dites pas que je ne vous aurais pas prévenu.
Le thème des « retournés » pourrait se retrouver facilement dans une œuvre de Junji Itô, un autre dessinateur que j’apprécie énormément et qui est lui aussi un aficionado des ambiances répugnantes et gores à souhait. Autre petit conseil, car je vous aime bien : lors de votre prochain voyage, faites attention à ne pas trop traîner dans un cybercafé au Japon qui sont, encore une fois ici, le théâtre de bien des malheurs. Déjà que nos amis de Prophecy s’en servaient pour diffuser leurs vidéos meurtrières, il ne manquerait plus que vous pénétriez dans une usine de « retournés ».
À noter que la quête de justice de Runa s’arrête à la fin de ce tome, un volume qui pourrait se suffire à lui-même si l’auteur ne nous donnait pas l’envie de lire la suite grâce à un petit cliffhanger à la façon d’un « Blade » (le film avec Wesley Snipes).
Vous l’aurez compris, la rédaction vous recommande chaudement la lecture de Reversible Man, une œuvre barrée comme on en fait peu ou plus, servie par un graphisme agréable retranscrivant parfaitement le dégoût et la folie de ses personnages, un découpage nous plongeant au cœur de l’action agrémenté des gunfights hors normes et d’une bonne dose d’hémoglobine. Alors pourquoi bouder notre plaisir ? Jetez-vous dès à présent sur cette série en trois tomes bénéficiant d’une édition française quasi-irréprochable.